Concours Polantis BIM 2017 : débat et remise des prix
Après des mois de travail acharné, les 9 finalistes ont pu être départagés le 27 avril 2017, à la Maison de l’Architecture d’Île-de-France. A la clé, 10 000, 5 000 et 2 500 euros de récompense pour les trois premiers projets, qui devaient respecter un cahier des charges très complet.
Il s’agit du second concours de ce type organisé par Polantis, le premier ayant été annoncé durant le mois de janvier 2016. Il avait alors mobilisé 78 équipes d’architectes.
Le BIM, forces et difficultés
Si la remise des prix était le sujet principal de l’évènement, elle a été précédée d’une table ronde entre plusieurs architectes et BIM managers : Arnaud Désirée, chez Monokrom, Alain Costes et Pablo Rodriguez, chez atelier 15, Vladimir Doray et Fabrice Lagarde, de Wild Rabbit Architecture. Les professionnels ont ainsi échangé pendant 45 minutes leurs expériences avec le BIM, ce qu’il leur a apporté, ce qu’il a pu changer, comment il pourra être développé dans l’avenir et les difficultés auxquelles il fait face en France. Un débat posé, malgré des opinions parfois divergentes.« Aujourd’hui, les architectes sont vus comme les lutins du Père Noël »,a affirmé Vladimir Doray. « On doit apporter son jouet au client. Avec le BIM et les nouvelles technologies, l’exigence du client n’a jamais été aussi élevée. » Si l’architecte considère le BIM comme un outil permettant d’améliorer les projets et leur vitesse d’exécution, il met en garde contre les illusions : « il ne faut pas se regarder tavailler. Il faut passer du dessin à la construction concrète ».
Alain Costes s’est montré bien plus réservé. « Le BIM est un excellent outil, qui donne plus de moyens, mais ne sauve pas de l’incompétence. 3% seulement des architectes utilisent régulièrement le BIM. Dans un univers avec de plus en plus de sous-traitants, la compétence se dilue. Le BTP n’est pas à la hauteur de l’outil », a-t-il affirmé, avant d'ajouter : « Aujourd’hui, le BIM permet de se distinguer. Mais quand il sera généralisé, et monétisé, il ne changera rien aux problèmes inhérents à la profession d’architecte, dure, éprouvante, ultra concurrentielle et morcelée. C’est tout un système qu’il faut revoir ».
Arnaud Désirée, lui, est confiant sur les opportunités offertes par le BIM. « Le BIM va apporter du changement, mais il est difficile d’estimer comment et quand. Même le métier de BIM Manager va disparaître. L’avantage du BIM, c’est qu’il permet de faire participer les habitants dans la conception de leurs logements, via les projets participatifs. C’est un objet que les jeunes générations adoptent très vite, et qui apporte une crédibilité supplémentaire à l’architecte. »
Trois projets pour trois visions
A la suite du débat, Céline Villecourt, l’adjointe au maire de Saint-Prix en charge de l'urbanisme, a félicité les trois lauréats, à qui ont été remis des trophées créés par une imprimante 3D du groupe Volumic 3D, ainsi que leur récompense. Un podium marqué par la jeunesse de ses gagnants.1er prix : Quentin Guillemot, Gabrielle Larmet et Hugo Janvier, avec Gardensity
C'est ce jeune trio de l'école Nationale d'Architecture de Nantes qui a remporté le concours. Se définissant par une architecture "village dans le village", qui redéfinie les lignes entre habitations individuelles et collectives, le projet Gardensity s'est démarqué par l'adaptation du concept de cité-jardin à l'époque actuelle. L'îlot principal est coupé en deux par une voie de circulation centrale entièrement piétone, et de nombreux espaces verts servent de points de réunion aux habitations ainsi qu'aux commerces. Les membres du jury ont particulièrement apprécié de pouvoir se déplacer dans le projet durant les délibérations.
2 ème prix : Kevin Bailly, avec E-cop
Gagnant de l'édition précédente, Kevin Bailly, jeune architecte chez Valode & Pistre, est arrivé cette fois second avec le projet E-cop. Ce dernier, très apprécié par la ville, qui loue sa compatibilité avec l'identité de la commune, laisse place à l'aménagement paysager. Toitures végétalisées se mélangent avec d''autres en verrière, dans un univers de pentes, formes et matériaux qui débouchent sur une architecture extrêmement riche, mais respirable, grâce à l'utilisation de pilotis. Un projet qui donne envie de se réunir et se balader en ville.
3 ème prix : Thomas Teyssaire, Bruno Codron, Dany Ang et Matthieu Brossette avec le projet Saint-Bio
Un jeune quatuor d''architectes de l'atelier Juno, qui, avec Saint-Bio, livrent un projet avec beaucoup de caractère, qui met en avant la circulation piétonne, en multipliant les angles nouveaux et perspectives à chaque coin de rue, rendant la promenade inoubliable. L'idée la plus forte du projet, assurément : faire du toit du théâtre une promenade pour les habitants, s'inspirant de ce qui a été fait pour la Philarmonie.
Les membres du jury étaient Bertrand Delcambre, Président du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment, Céline Villecourt, Adjointe au Maire de Saint-Prix en charge de l'Urbanisme, Hélène Alonso, Responsable Marketing chez Sika, Nicolas Land, Architecte Responsable d'Agence de Louis Paillard Architecte et Urbaniste, Eric Lebègue, Responsable des partenariats au CSTB et Itaï Cellier, Architecte et PDG de Polantis.
François Tassain
Photo de Une : ©Q. Crestinu