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Chauffage à biomasse : quels avantages selon les architectes ?

Publié le 25 janvier 2024

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Principale source d’énergie renouvelable en France, elle représente plus que la moitié de la production d’énergie et contribue à réduire la consommation d’énergies fossiles : il s’agit de l’écologique et économique biomasse. À l’instar des autres énergies renouvelables utilisées dans la construction, les architectes proposent-ils le recours au chauffage à biomasse ? Batiweb est allé à la rencontre de quelques professionnels, qui nous livrent leurs réflexions et nous racontent leurs expériences.
Chauffage à biomasse : quels avantages selon les architectes ? - Batiweb

Face à l'augmentation des prix du gaz, du pétrole et du charbon mais aussi à la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, les énergies renouvelables comme le solaire, l'éolien ou l'hydraulique sont en plein essor. C'est également le cas de la biomasse, qui constitue une source d'énergie verte exploitée depuis longtemps, et qui permet de produire de la chaleur, de l'électricité et du carburant.

 

Quelle utilité pour le chauffage à biomasse ?

 

La plupart des architectes que nous avons rencontrés sont conscients de l’intérêt des équipements fonctionnant à la biomasse et de leur intégration dans leurs réalisations. Loïc Daubas, l’un des gérants de l’Atelier Belenfant Daubas, établie à Nozay (44), se rappelle du premier équipement public que l’agence a réalisé.

« À l’époque, en 2006, la géothermie était pressentie dans le programme. Nous avons discuté avec le thermicien, et comme il s’agissait d’une commune rurale, les ressources en bois étaient importantes. En allant à une réunion de présentation du projet, j’ai vu des branches d’arbres coupées sur les bords de la route, et donc je me suis arrêté et j’ai ramassé un tas de copeaux, laissé volontairement à pourrir sur le bas-côté. Une fois sur place, nous avons essayé de convaincre l’assemblée que ce même bois pourrait chauffer l’école et les salles de spectacles ». En effet, la commune possédait une énergie gratuite, en l’occurrence le bois d’élagage, qu’il fallait utiliser, et les architectes ont fini par réaliser leur projet en utilisant le chauffage à bois.

Selon l’Atelier Belenfant Daubas, l’architecte n’a pas une grande difficulté à convaincre les collectivités dans l’installation du chauffage à biomasse quand il s’agit de puiser dans les ressources locales et de se servir surtout des résidus de bois non utilisés dans chaque commune. « Quand on arrive à maîtriser le process, la transformation de la biomasse en chaleur est un dispositif très intéressant », soulignent les architectes. Pour Belenfant Daubas, l’utilité du chauffage à biomasse c’est la maîtrise d’énergie en circuit-court, un bilan carbone intéressant, et un processus qu’il faut absolument utiliser dès que possible. 

Centre de recherche Ecotron - Saint-Pierre-les-Nemours (77) / Atelier Téqui Architectes
Crédit photo : ©Schnepp-Renou

 

Le chauffage à biomasse d’hier

 

Le recours des architectes au chauffage à biomasse ne date pas d’aujourd’hui. Donnons l’exemple de l’Atelier Téqui, établi à Paris, qui a réalisé en 2016, Ecotron Île-de-France, un bâtiment de recherche du CNRS situé à Saint-Pierre-lès-Nemours et qui utilise déjà le chauffage à biomasse. Il s’agit d’un projet qui prend place dans un site dominé par la nature, construit en structure bois, et certifié HQE bâtiment tertiaire par Certivéa. C’est une réalisation exemplaire qui se caractérise par la présence de montants verticaux rythmant la façade. L’eau chaude et le chauffage du bâtiment sont assurés par une chaufferie bois. C’est un bâtiment « low tech », au service des chercheurs, sobre et minimaliste, lumineux et fonctionnel que l’Atelier Téqui a réalisé avec tact. 

Maison du Parc Naturel Régional / Guinée*Potin Architectes
Crédit photo : ©Philippe Ruault

L’agence d’architecture Guinée*Potin (Anne-Flore Guinée et Hervé Potin), établie à Nantes, a réalisé en 2008 un projet précurseur pour son époque. Il s’agit de la maison d’accueil du Parc Naturel Régional Loire Anjou Touraine, à Montsoreau, un bâtiment à vocation culturelle et pédagogique, destiné en priorité aux habitants, dont les scolaires et les associations, mais aussi aux touristes du territoire du parc. Il s’agit d’une construction exemplaire, tant pour les matériaux utilisés que pour les procédés durables intégrés. Son rôle étant l’information concernant le parc et ses patrimoines, pour un public censé découvrir et comprendre la construction de ses paysages emblématiques et le rôle joué par les hommes par le biais d’une exposition permanente.

Tandis que, côté nord, l’ensemble se caractérise par sa minéralité, côté sud, l’aspect végétal conçu en bois et ouvert sur le jardin l’emporte. Les architectes soulignent qu’après une étude comparative avec la pompe à chaleur géothermique sur forage, la chaudière à granulés de bois a été privilégiée, déjà à l’époque. Rappelons que par ailleurs, l’ensemble s’est doté par une régulation sur horloge avec réduit de nuit et lorsque le bâtiment est inoccupé, un plancher chauffant basse température sur l’ensemble du rez-de-chaussée, des robinets thermostatiques sur les radiateurs, ainsi qu’un calorifuge des canalisations chauffage. Mis à part son esthétisme, le projet concentre de multiples qualités de durabilité.  

École maternelle de Fégréac (44) / Atelier Belenfant Daubas
Crédit photo : ©J.D. Billaud, nautilus

L’Atelier Belenfant Daubas a de son côté réalisé, il y a une dizaine d’années, une école dont le permis de démolition des bâtiments existants, sur le site de la future école, avait été acté. Les architectes, après avoir visité et étudié le site, ont proposé le recyclage complet des bâtiments existants. Ainsi, le premier bâtiment a été transformé en salle de motricité, l’autre a été démonté pour être intégré dans les jeux de l’école, et le dernier a été gardé tel quel pour être utilisé en chaufferie bois

« C’était une maison avait des murs et un toit. Nous avons mis le silo dans la chambre, la chaudière dans la salle à manger et la salle de bain est devenue un poulailler », nous raconte Loïc Daubas. « L’économie que nous avons engendrée est extraordinaire, et, puisque les agriculteurs ont donné le bois gratuitement, nous avons pu conserver une ancienne maison, la transformer en chaufferie bois, avec le bois de la commune. C’est un projet d’intérêt général dont nous sommes fiers », souligne l’architecte.

Plateforme Bois – communauté de communes de Chateaugirons (35) / Atelier Belenfant Daubas
Crédit photo : ©Atelier Belenfant Daubas

 

… à aujourd’hui

 

L’Atelier Belenfant Daubas a terminé la réalisation de deux opérations de logements participatifs, qui utilisent la chaudière à bois déchiqueté. Néanmoins, le coût d’un tel investissement semblait élevé pour les futurs habitants. Sans parler des connaissances techniques, du stockage de bois, mais aussi de la présence humaine pour alimenter la chaufferie. Les architectes, après avoir étudié les différentes contraintes ont trouvé la solution la plus adaptée : la chaudière bois à bûche. Il s’agit d’utiliser des bûches entières à la place des copeaux pour alimenter la chaudière. Avec cette méthode, le problème du broyeur sera résolu, et vu que le projet est participatif, les habitants peuvent alimenter eux-mêmes la chaufferie. « Avec ce choix, le projet est enrichi d’un système robuste sans difficulté d’approvisionnement avec comme production un chauffage de très bonne qualité et de l’eau chaude produite par une chaudière », précise Loïc Daubas.

Photo aérienne de l'école à énergie positive de Saint-Pabu / Guinée*Potin
Crédit photo : ©Stéphane Chalmeau

De son côté, l’agence Guinée*Potin a livré l'école à énergie positive de Saint-Pabu (29), un projet qui tire parti des éléments qualitatifs du site environnant et engendre un lien subtil entre ce qui existe et ce qui est en devenir. Il s’agit d’une réalisation vertueuse aux performances thermiques équivalentes au label BEPOS et E+C- a minima Énergie 4 – Carbone 1. Une gageure pour l’agence d’architecture nantaise qui a l’habitude de mettre un point d’honneur pour recourir à des solutions durables dans ses constructions. Bien évidemment, le chauffage à biomasse fait partie de l’arsenal des bons procédés utilisés dans ce projet.


Quid de demain ?

 

Cependant, le recours à la chaufferie biomasse demande une certaine ingénierie ainsi que des connaissances. Et même si le résultat est vertueux, il s’agit d’un processus parfois complexe à mettre en œuvre, surtout quand il s’agit d’une filière naissante. « Rien de tel pour la désorganiser que d’avoir un minimum de régulation » souligne Loïc Daubas.

« Il faut connaître les fabricants, les machines, il faut s’y connaître et s’y être intéressé. De même, il y a un grand enjeu autour les évaluations des filières, il faut repenser et saisir de quelle manière intégrer les circuits courts. Plusieurs communes possèdent des déchets verts dont elles ne savent pas quoi faire. Le meilleur moyen, c’est d’accompagner les services techniques et mettre une synergie entre les filières diverses pour un résultat optimal », ajoute-t-il.

Mais même si l’intention est présente, les aides financières sont toujours les bienvenues, selon l’architecte, qui incite malgré tout sur un choix mixte concernant l’utilisation des énergies renouvelables en architecture. « C’est vers la mixité qu’il faut se tourner et non pas dans l’exclusivité », conclut-t-il.

 

Sipane Hoh
Photo de une : Crédit photo : J.D. Billaud, nautilus. L’écol’eau (école pulique de La Chevallerais ) / Atelier Belenfant Daubas

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