À Roubaix, la piscine se fait musée
Un musée qui n'a pas fait plouf
Généralement, l'architecte réinvestit l'espace à sa guise. Ici, Jean-Paul Philippon est resté très respectueux de l'esprit des lieux. En effet, Albert Baert avait voué sa piscine au culte de l'esprit autant qu'à celui du corps : ses lieux (salles de sudation, de musculation, bassins) étaient destinés à l'hygiène corporelle. La lumière, les volumes organisés autour d'un patio, la nef du bassin intimaient au lieu un caractère religieux. S'appuyant sur cet acquis architectural, la mutation s'est effectuée sans rupture majeure. L'ancien bassin recouvert d'un ponton de bois, accueille désormais des sculptures. Les anciennes rives de mosaïques et les cabines de douches, en brique émaillée, deviennent des vitrines ou des cabinets de dessin. On effectue ainsi une sorte de parcours libre avant de plonger dans le bassin, devenu le cœur de ce nouvel espace.
Allier tradition et modernité
Trois ans de chantier ont été nécessaires pour retrouver le lustre du décor. Les garde-corps en béton, la brique émaillée et le granito des sols ont été restaurés, les tympans aux verres imprimés et colorés refaits à l'identique et doublés d'une paroi de verre extérieure. L'immense voûte, rongée par l'humidité et le chlore, a reçu une couverture d'inox plombé et un habillage en plaques de plâtre perforé cintré permettant de contrôler l'ambiance acoustique. Seul ajout majeur : deux extensions en pierre et béton préfabriqué s'inscrivent dans la géométrie du lieu pour compléter le programme. L'une agrandit l'espace d'exposition en bouclant le parcours autour du patio. L'autre cadre l'entrée derrière la façade conservée d'une ancienne usine et abrite la salle des expositions temporaires et l'auditorium. Au final, un bâtiment assez étonnant qui allie parfaitement tradition et modernité. Par cette réalisation, la ville de Roubaix a voulu démonter qu’il n’y avait qu’un pas à franchir pour passer de la culture physique à la Culture tout court.