Personne ne veut de l’incroyable Kiosque de Stella
Des ingénieurs sans limites
Les sculptures déjà mises en œuvre par les ingénieurs étaient jusque là réalisées en bois et composites, des matériaux flexibles se prêtant bien à la réalisation de formes tordues. Cette fois-ci, la taille de la sculpture, 11m de haut par 15m de large, et la nature extrême du site imposaient une certaine résistance. La sculpture devait en outre résister aux ouragans, qui sont, en Floride, aussi fréquents que destructeurs. L’étrange Kiosque est donc constitué de rubans d’acier composés de 2 tôles de 4 mm formant des profils creux soudés. Ces tôles sont raidies par des raidisseurs internes qui transmettent le cisaillement et servent de forme pour le gauchissement des parois externes. La réalisation de courbes lisses et homogènes a bien sûr imposé l'utilisation de tôle aussi mince que possible. L’ensemble forme un futuriste jeu de pétales, fins et légers, qui s’enroule en spirale vers un anneau zénithal. Ces monumentales volutes s’entrecroisent à l’aide d’un système de poutres triangulaires qui en assure la stabilité. Devant la complexité structurelle de l’œuvre, on mesure les prouesses techniques et mathématiques réalisées par les ingénieurs afin de donner naissance aux formes voulues par l’artiste. Après un début de chantier à Long Island (US) la construction fut interrompue puis confiée, sous la maîtrise d’œuvre du cabinet RFR, aux chantiers navals de Cherbourg. Le Chantier normand est en effet l’un des rares à disposer du savoir-faire nécessaire l’élaboration d’un ouvrage aussi grand et complexe. Mais les travers de l’économie sont imprévisibles. La ville de Miami ayant annulé sa commande, le kiosque de Frank Stella attend désormais sous les hangars des chantiers navals de Cherbourg un nouvel acheteur. Sa taille et sa complexité ne le mettent malheureusement pas à la portée de tous les sites. Pour les ingénieurs de RFR, l’œuvre serait idéale pour habiller la proue de l’Ile Seguin.