Artisans du bâtiment : où en sont-ils un mois plus tard ?
Depuis le 17 mars et les premières mesures de confinement, bien des choses ont évolué dans le secteur du bâtiment. Initialement controversée, la reprise d’activité se fait progressivement, et s’est notamment accélérée depuis la parution du guide de préconisations de l’OPPBTP le 2 avril dernier.
Entre le 19 et le 25 mars, nous avions interrogé deux entreprises du bâtiment exerçant à La Tranche-sur-Mer, en Vendée. L’une avait fait le choix d’interrompre ses activités, et la seconde s’était adaptée pour poursuivre certains chantiers en plein air. Nous les avons donc de nouveau interrogés un mois plus tard, pour savoir où en étaient les deux entreprises.
« J’ai finalement repris le travail le lundi 30 mars, avec trois de mes salariés qui ont accepté de reprendre », explique Anthony Clergeau, le chef d’entreprise qui avait initialement décidé de cesser toute activité.
« Chacun dispose d’un camion avec du gel hydroalcoolique, et se rend sur un chantier différent, avec ses masques et ses propres outils, et rentre déjeuner chez lui le midi. On a un carnet de commandes qui est assez chargé à cette période. Si on ne reprenait pas, tout allait être décalé. A une personne sur chantier, on va plus lentement, mais au moins on avance un peu. Puisqu’on peut travailler en sécurité, autant reprendre », ajoute-t-il.
Pour l’entreprise de maçonnerie Frédéric Bourasseau, l’activité n’a jamais cessé : « Nous n’avons pas attendu les recommandations de l’OPPBTP pour nous organiser en concertation avec nos salariés pour assurer leur protection et celle de nos clients. C’est notre priorité et ça le restera même après le 11 mai », assure-t-il.
Privilégier les chantiers extérieurs ou sans clients
Toutefois, les deux entreprises s’en tiennent encore pour le moment aux chantiers en extérieur et sans la présence de clients. Ce qui reste relativement aisé puisque les résidences secondaires sont nombreuses à La Tranche-sur-Mer.
« Nous avons privilégié les chantiers de maisons neuves à construire, ou d’extérieur, donc la couverture, l’aménagement de cours, de clôtures, de piscines… sans contact avec la clientèle. Pour l’instant, les chantiers d’aménagements intérieurs se font seulement si les clients ne sont pas présents », explique F. Bourasseau.
« Nous avons environ 2 ou 3 mois de travail pour des chantiers sans clients. Nous n’avons pas de contacts physiques avec eux puisque nous avons souvent les clefs lorsqu’il s’agit de résidences secondaires », précise de son côté A. Clergeau, qui assure par ailleurs porter un masque dès qu’il se rend chez des clients pour signer un devis. « Je leur demande aussi de laisser le portail et les portes ouvertes, pour éviter de toucher les poignées ».
Le recours à des masques lavables
Et pour éviter les problèmes d’approvisionnement en masques, les deux entreprises utilisent le système D, notamment grâce à des couturières qui fabriquent des masques lavables et réutilisables.
« J’ai réussi à avoir des masques jetables de la part de mes fournisseurs, et trois masques lavables par personne, faits à la machine à coudre par une couturière », explique A. Clergeau. Il reconnaît que cela a été possible car son entreprise ne compte que trois salariés, et concède que cela aurait été plus compliqué avec plus de compagnons.
Même stratégie pour l’entreprise Frédéric Bourasseau, qui explique avoir eu recours à une couturière locale, qui leur a fabriqué des masques conformes aux normes Afnor, avec un filtre en papier mis entre les deux épaisseurs de tissu.
Des problèmes d’approvisionnement, mais une reprise progressive
Le principal souci ? Les problèmes d’approvisionnement avec des fournisseurs, longtemps fermés, qui reprennent lentement le travail, après avoir accumulé du retard.
« Notre activité a été et est toujours perturbée par certains fournisseurs, transporteurs, et corps de métiers qui n’ont pas repris le travail, ou que partiellement. Ils doivent rattraper leurs retards accumulés. Cependant nous pouvons considérer que le secteur se remet doucement en route », reconnaît Frédéric Bourasseau.
Pour Anthony Clergeau, le problème se pose notamment pour les menuiseries et fermetures : « Quand je passe une commande pour des fenêtres aujourd’hui, on nous annonce qu’on les aura pour septembre. Donc nous sommes obligés de changer notre façon de travailler. On relance des clients pour des terrasses bois, puisque nous avons du stock de bois. Mais pour tout ce qui est fenêtres et fermetures, c’est un peu compliqué. Heureusement, la production reprend quand même progressivement ».
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock