Le liège s’invite chez Weber
Avec une croissance en volume de + 40% en quatre ans et une part de marché qui atteint désormais les 8%, les isolants biosourcés convainquent un nombre toujours plus important d’acteurs du bâtiment. Il faut dire que le secteur, responsable de 45% de la consommation énergétique globale et de 27% des émissions de gaz à effet de serre de la France, est au cœur des enjeux du développement durable.
L’utilisation de matériaux biosourcés, largement plébiscitée par les pouvoirs publics, contribue au stockage du carbone atmosphérique et à la préservation des ressources naturelles. Bois, liège, paille, chanvre ou encore ouate cellulose… se veulent ainsi une réponse aux objectifs de transition énergétique et à la nécessité de construire et rénover de manière éco-responsable.
L’ITE 100% biosourcé
Weber, filiale de Saint-Gobain, fait partie de ces industriels qui développent des solutions « pérennes ». L’industriel défend l’idée d’un habitat « différent, économe en énergie, confortable et respectueux de l’environnement ». De cette ambition est née webertherm XM natura, un système d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) qui se compose de panneaux de liège de 1 à 20 cm d’épaisseur, d’un sous-enduit à la chaux aérienne et de multiples enduits de finitions aux aspects et couleurs variés.
100% naturel, imputrescible, recyclable et biodégradable, le liège est un matériau de haute valeur environnementale. Weber explique : « Sous l’action unique de la vapeur d’eau soumise à une température de + de 300°C, l’écorce du chêne-liège est expansée puis agglomérée. Avec la chaleur, les granulés de liège brunissent puis libèrent une résine naturelle. Aucun additif n’est donc nécessaire hormis l’eau ».
Sa conductivité thermique certifiée ACERMI de 0,040 W/(m.K) permet d’atteindre des résistances thermiques ≥ à 5 m2.k/w. Validé par un test lepir2, l’isolant est résistant au feu (classement B-s1, d0) et aux chocs (catégorie 1 accessible) et peut-être mis en œuvre sur des maisons individuelles, des logements collectifs, en neuf comme en rénovation.
Constitué naturellement de 95% de gaz inerte, sa structure en nid d’abeilles (1 cm3 de liège = 40 millions de cellules) lui confère également de hautes propriétés acoustiques : « Au-dessus d’une épaisseur de 5 mm, un revêtement en liège absorbe ainsi les fréquences graves, moyennes et aiguës, permettant de réduire considérablement les bruits aériens et bruits d’impacts ».
Quant à sa mise en œuvre, elle se veut traditionnelle (collée sur support neuf) et ce afin de respecter « les méthodes des artisans poseurs. Car pour Weber, une solution performante et productive doit s’adapter à l’utilisateur final et non l’inverse », souligne l’industriel.
webertherm XM natura participe au confort thermique en hiver comme en été. Les calories sont stockées durant la journée et restituées vers l’extérieur le soir. Premier système ITE en liège, avec Evaluation Technique sur maçonnerie (ETE) et Document Technique d’Application (DTA) délivré par le CSTB, il contribue également à une labellisation bas carbone des ouvrages (FDES certifiée).
Un chantier grandeur nature
webertherm XM natura a d’ores et déjà fait ses preuves sur le terrain. Outre les professionnels de la construction, la solution séduit les particuliers. On citera l’exemple d’Henri Soulard, propriétaire d’une maison des années soixante en Moselle. « D’une surface de 210 m2, elle a été construite par des maçons avec des murs de 45 cm d’épaisseur. Nous l’avons achetée en 2014 et jusqu’à alors nous n’avions réalisé que de légers travaux ».
Une facture de chauffage annuelle « énorme » de 4 000 euros et des problèmes de toiture ont incité la famille à engager des travaux de rénovation de grande ampleur. « Pour l’isolation, je n’envisageais pas autre chose que de passer par l’extérieur mais avec un isolant biosourcé ».
Il aura fallu une année de recherche à M. Soulard pour trouver une entreprise prête à se lancer dans l’aventure. Il s’agira de PFF façade, une entreprise de la région engagée en faveur de la transition écologique et qui compte trente ans d’expérience.
S’il semble aujourd’hui convaincu par l’isolation biosourcée, son dirigeant David Arslan révèle que « lorsqu’il s’agit d’ITE, les entreprises ont la culture du polystyrène expansé (PSE) et nous-mêmes n’aurions jamais travaillé avec un isolant en liège ». « Comme je fais partie du Qualiclub Weber, je suis sensible à l’innovation, on a creusé la question pour trouver une solution adaptée à la demande de notre client ». Car pour Henri Soulard, c’était plus que clair : « J’ai une formation technique et je ne voulais pas de PSE mais une solution qui laisse respirer le mur et apporte un déphasage thermique pour davantage de confort ».
« L’entrepreneur nous a expliqué que Weber avait un procédé à base d’isolant liège en cours de certification. Comme l’entreprise s’est engagée, nous l’avons suivie », dit-il.
« L’ensemble liège et chaux aérienne ne bloque pas les échanges de vapeur d’eau entre murs et extérieur, tout risque d’humidité dans les murs est ainsi écarté », justifie PFF façade.
En terme de mise en œuvre pour l’entrepreneur, la méthode ne varie pas : « Les panneaux sont un peu plus lourds que du PSE, il faut donc s’assurer que le support est solide, comme on le ferait pour un autre isolant, avec des tests à l’arrachement. D’ailleurs ici, il y avait une zone sur laquelle on avait un doute et que nous avons ponctuellement reprise », précise David Arslan.
Le collage est réalisé en plein : « C’est mieux, cela évite 100% des prises d’air ». Par ailleurs, « les panneaux sont bien calibrés, ce qui a évité le ponçage comme avec le PSE, d’où un gain de temps et la poussière en moins ».
Comme évoqué précédemment, weberthem XM natura offre une grande diversité de finitions : « Je me suis senti plus à l’aise quand l’entreprise en est arrivée aux finitions », confie M. Soulard. Le liège qui donne une impression « de maison en pain d’épices (…) » est recouvert par un enduit à la chaux. « Nous avons choisi une finition à la chaux blanche en grain moyen. Nous en sommes très satisfaits, elle prend bien la lumière », poursuit-il.
Quant au budget à prévoir pour un tel chantier ? « Bien sûr, c’est une solution haut de gamme qui revient plus cher. Mais nous allons normalement réduire, dès la première année, les deux tiers de notre facture énergétique, ce qui va couvrir le montant de la mensualité des deux emprunts que nous avons souscrits pour les travaux et ce, pendant dix ans », dévoile enfin Henri Soulard.
Rose Colombel
Photos : ©Weber