En moyenne, les vedettes de la Bourse de Paris affichent des profits semestriels en hausse
Toujours plus haut ! Au premier semestre, les très grandes entreprises françaises ont une fois de plus engrangé des profits record. Toutes celles du CAC 40 n'ont pas fourni de comptes au 30 juin : Lagardère ne le fera que le 12 septembre, avec un peu de retard par rapport aux obligations réglementaires, tandis que Pernod Ricard publiera le 20 septembre les chiffres annuels pour son exercice décalé. Mais en rapprochant les données des 38 autres groupes, la tendance est nette.

Clairement, les poids lourds de la Bourse de Paris continuent à bénéficier d'une conjoncture économique porteuse, avec une croissance mondiale élevée. Très internationalisés, ce sont eux qui peuvent le plus aisément capter une part de l'essor de la Chine, de l'Inde ou de la Russie, et compenser ainsi l'atonie du marché français.
Derrière ce nouveau bond en avant se cachent cependant des évolutions plus contrastées qu'il n'y paraît. D'abord, la marge nette des groupes du CAC 40, c'est-à-dire le résultat net rapporté au chiffre d'affaires, n'augmente plus. D'une année sur l'autre, elle est restée stable à 9 %. La marge opérationnelle, elle, a même commencé à reculer, passant d'environ 14,1 % à 13,6 %.
Surtout, les groupes financiers et les industriels connaissent des évolutions assez différentes. Côté finance, c'est encore l'euphorie. BNP Paribas, Crédit Agricole, AXA, Société Générale, Dexia : toutes les sociétés concernées ont vu leurs profits monter. « C'est un haut de cycle, accentué par les plus-values boursières latentes : fin juin, la Bourse était au plus haut, ce qui a valorisé les participations des groupes financiers dans toutes les sociétés cotées, analyse Daniel Beaumont, d'Associés en Finance. Mais cela pourrait se calmer, car les marchés sont redescendus et la crise du «subprime» laissera peut-être des traces. En outre, la remontée des taux va renchérir la matière première des banques. »
La situation se révèle moins rose côté industrie. C'est dans ce domaine que se concentrent les 10 résultats en baisse annoncés à l'issue du semestre par les groupes du CAC. Avec quelques dérapages prononcés, comme pour EADS, dont les profits ont fondu comme neige au soleil en raison des déboires d'Airbus, ou STMicroelectronics et Alcatel-Lucent. Le fabricant de semi-conducteurs comme le nouveau géant des équipements télécoms sont retombés dans le rouge depuis le début de l'année, avec des pertes plus lourdes qu'attendu. Difficile de tenir le choc face à des titans comme Intel ou Nokia...
C'est que les champions tricolores doivent faire face depuis quelques mois à plusieurs vents contraires. A commencer par la météo très douce. Elle a profité aux entreprises liées au BTP, comme Saint-Gobain, mais n'a pas incité les Européens à pousser leur chauffage, et a donc freiné les ventes d'EDF et Gaz de France. Autre élément délicat, la hausse des matières premières. Les dirigeants de Renault estiment qu'elle leur a coûté 147 millions d'euros en six mois. L'inflation des coûts, très nette dans toute la filière pétrolière, explique aussi en partie le recul de Total, qui reste néanmoins de loin le numéro un français des profits.
Dernier facteur négatif : l'évolution des taux de change. Le recul du dollar et du yen par rapport à l'euro a clairement nuit à la compétitivité des produits tricolores à l'exportation. Les industriels du luxe en ont particulièrement souffert. Grâce à la force de son marketing, le résultat opérationnel courant de LVMH a ainsi augmenté de 11 % ; mais il aurait grimpé de 16 % sans les turbulences monétaires.