Eclairage public : le diagnostic par survol aérien pose question
Il fait nuit, un objet volant survole la ville. Ce n'est pas un drone de l'armée de l'air, ni des renseignements, mais un avion réalisant un diagnostic éclairage. L'appareil équipé d'un scanner infrarouge délivrera une cartographie de l'éclairage publique de la commune. Un outil utile mais à considérer avec parcimonie.
En effet, explique l'AFE (association française de l'éclairage) « l’utilisation de la cartographie nocturne est un outil permettant d’avoir une vision globale et non particulière d’un parc d’éclairage ». Elle ne permet pas de donner des conclusions définitives, et ne se substitue en aucun cas à une étude au sol. Les données récoltées lors de ces relevés aériens « font actuellement l’objet d’affirmations ou d’informations susceptibles de tromper sur leur véritable efficacité en termes de diagnostic », insiste l'association.
Boomerangs technologiques
En l'occurrence, cette prestation aérienne ne permet pas de quantifier les relations existantes entre les luminances vues du ciel et les grandeurs au sol, l’éblouissement provoqué au sol par les luminaires, la valeur ULOR (pourcentage du flux de la lampe émis vers le ciel), et la quantité de flux direct et indirect émis dans le voisinage.
C'est pourquoi l'AFE appelle les maires et responsables de collectivités à la plus grande prudence face aux « boomerangs technologiques que l’on nous tend, car si nous n’avons pas de méthodes précises et accomplies, ils seront redoutables à leur retour ».
Des études sont en cours
Pour être exploitables dans un diagnostic, les performances photométriques issues des mesures aériennes devront être accompagnées des facteurs de maintenance propre à chacune des installations. Des normes existent d'ailleurs, notamment la NF EN 13201, dont la partie 4 porte justement sur les mesures et les contrôles.
Ces analyses aériennes et leurs finalités font actuellement l’objet d’études scientifiques et exploratoires par le CERTU (Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques), la CIE (Commission internationale de l’éclairage) et l’AFE. Par exemple, les relations entre les luminances vues du ciel et les grandeurs au sol sont une des pistes de recherche engagées par le CERTU dans le projet F-Light, au travers de l’étude des caractéristiques des revêtements de surface.
Laurent Perrin