Mose va-t-il sauver Venise des eaux ? Le projet Mose qui doit sauver la cité des doges n’est plus un serpent de mer. Les blocs d’acier géants et mobiles pourront bientôt émerger devant la lagune.
On le sait depuis longtemps, la mer, qui a fait la fortune de la cité des doges, sera sans doute, si rien n’est fait, à l’origine de sa disparition. Heureusement, après 37 années d’atermoiement Mose le projet de digues géantes mobiles, devrait de justesse sauver la cité des amoureux. Mais qui est exactement ce sauveur au nom quasi biblique dans lequel les habitants de Venise semblent, aux dires de la presse italienne, placer tous leurs espoirs ? Mose signifie en fait Modulo Spérimentale Electtromécanica. Un nom, certes moins mythique que celui de Moïse mais qui recouvre cependant, comme lui, l’un des plus grands et des plus audacieux projets de sauvetage jamais conçus. Un projet gigantesque de construction à l’entrée de l’auguste lagune d’une série de digues géantes et mobiles. L’histoire veut que le responsable de l'élévation du niveau de la mer ne soit pas la nature mais l’homme. Le pompage intensif des nappes phréatiques situées sous la ville par les industries vénitiennes semble en effet avoir entraîné, par un effet de baisse de pression du sous sol, un affaissement de la ville. Venise a ainsi perdu plus de12 centimètres en 60 ans. Ce sont ces 12 petits centimètres en moins auxquels on doit les « aque alte », ces marées exceptionnelles qui recouvrent la place Saint Marc de plus d’un mètre d’eau la transformant en piscine olympique pour pigeons. En 1996, le niveau de l'eau avait atteint 1,94 mètres, inondant la quasi totalité de la ville. Ces inondations récurrentes sont depuis longtemps sorties du folklore local pour devenir une plaie permanente pour les hommes et un cancer pour les bâtiments. Que va donc faire Mose pour y mettre fin ? Le projet recouvre en fait l’installation dans la plus grande largeur de la lagune d’une série de monolithes géants reposant au fond de la mer sur d’énormes vérins hydrauliques. Lors des tempêtes, en cas de montées des eaux, ces blocs se lèveront rapidement afin de former un rempart de protection presque étanche devant la ville. Sur le papier l’affaire parait coûteuse mais réalisable. L’enveloppe aujourd’hui estimée à 2,5 milliards d’euros sera alimentée par l’Italie, la Communauté européenne et l’Unesco au titre du patrimoine mondial. Les appels d’offres sont actuellement lancés pour un chantier dont la fin est prévue dans huit ans. Les paramètres hors normes d’un tel projet réduisent cependant le nombre des candidats. Un domaine ou les entreprises françaises, leaders mondiales des ouvrages complexes et géants pourraient bien tirer leur épingle du jeu. Aujourd’hui, les vénitiens et tous les amoureux du monde ont retrouvé l’espoir, la ville sera sauvée et enfin, sur le pont des soupirs, on respire…