Comment reconstruire Notre Dame de Paris ?
Le 15 avril dernier, le toit et la flèche de Notre Dame s'effondraient, sous le coup des flammes. Un épisode sombre et des plus bouleversants de son histoire patrimoniale. Des vestiges de la charpente du XII ème siècle, il ne reste plus que des cendres. La flèche de 53 mètres de haut imaginée par Viollet-le-Duc au milieu du XIX ème siècle s’est elle aussi effondrée, connaissant ainsi le même sort de celle qui couronnait l’édifice jusqu’en 1792.
« Il est terrifiant de réaliser que même les plus grands chefs-d’oeuvres ne sont pas impérissables », relève l'agence Godart + Roussel Architectes. Qui s'interroge également : « Comment un ouvrage qui aura nécessité des centaines d’années de travaux peut-il s’envoler dans le ciel de Paris en quelques heures ? » La mission qui incombe est architectes est donc de savoir comment faire revivre ce joyau de l'architecture qui fonde en grande partie l'identité et le caractère de la ville lumière.
Faut-il refaire à l'identique ?
C'est la question que tout le monde se pose, et qui divise. D'un côté les partisans d'une restauration à l'identique, de l'autre ceux d'une interprétation contemporaine. C'est dans cette seconde catégorie que se range Godart + Roussel Architectes, en expliquant pourquoi. Reconstruire à l'identique serait selon eux une démarche « certes réconfortante mais catastrophique d’un point de vue intellectuel ». Jamais une œuvre réalisée par les meilleurs ouvriers de notre époque « ne portera la même véracité et la même force que celle qui fut construite par les compagnons des siècles derniers. Non pas que la technique de nos contemporains ne soit pas à la hauteur - bien au contraire - mais plutôt car il leur manquera toujours la légitimité de l’époque à laquelle ils appartiennent vraiment ».
Godart + Roussel propose donc un projet résolument contemporain. Non pas dans une démarche provocatrice mais parce qu'il s'agit selon l'agence de l’unique bonne réponse que l’on puisse apporter à un objet patrimonial si important. « Nous imaginons une nouvelle toiture dont la structure ferait écho à celle des plus beaux ouvrages de notre époque. Ainsi, le bois laisserait place à de l’acier dont le dessin s’élancerait de manière très légère en direction de l’ancien pinacle de la flèche. Afin de souligner son caractère aérien, nous la remplirions de panneaux vitrés qui s’alterneraient ponctuellement avec de larges tuiles de cuivre. »
©Godart + Roussel Architectes
En écho à l'architecture gothique « qui recherchait le divin dans la hauteur et la lumière », les concepteurs imaginent une construction monumentale, lumineuse et élancée, dont les « racines métalliques s’élevant vers le ciel [seraient] un allégorie de la renaissance d’un ouvrage que l’on croyait mort. »
Une toiture accessible au public
Ce nouveau projet aurait également vocation à modifier la connaissance que nous avons de la cathédrale en rendant sa toiture accessible au public. On découvrirait alors dans ce nouvel étage des vestiges de l’ancien monument, des explications sur l’histoire de Notre-Dame, des photos et des vidéos d’archives. À la croisée du transept, en lieu et place de l’ancienne flèche, le plancher vitré s’ouvrirait sur l’église en contrebas en nous rappelant qu’à cet endroit trônait une des plus belles oeuvres de Viollet-le-Duc.
On ne sait pas pour l'heure si un concours d'architecture sera ouvert pour la restauration de Notre Dame de Paris. Le projet de loi adopté le 16 juillet dernier ne le précise pas, mais laisse la porte entre-ouverte, en écho au mot d'Emmanuel Macron de « geste architectural contemporain » à propos de la future flèche. À suivre donc…
Laurent Perrin
Photo de une : ©Godart + Roussel Architectes