Crise du logement : l'inquiétude plane toujours au sein de la FFB Grand Paris
La crise du logement continue de s'intensifier au cours du premier trimestre 2023, entraînant des répercussions majeures sur la solidité des entreprises du secteur.
« Les annonces du CNR logement, bien en deçà des attentes des professionnels, laisse présager une crise durable », introduit Edouard Durier, vice-président de la la Fédération Française du Bâtiment (FFB) Grand Paris, alors que différentes crises s'accumulent, et que les professionnels s'efforcent de maintenir l'accès au logement et à l'emploi.
« Les conséquences économiques pourraient rapidement se transformer en conséquences sociales »
La conjoncture du secteur immobilier montre une déclinaison régionale, notamment en Île-de-France, où la crise du logement est particulièrement marquée. Certaines régions connaissent une petite hausse d’activité, tandis que d'autres sont fortement ralenties, en raison de réalités économiques et sociales spécifiques à chaque département.
Cependant, le secteur du non-résidentiel neuf en Île-de-France affiche une bonne vitalité, avec une augmentation de 40 % des surfaces commencées, contribuant ainsi au dynamisme économique de la région. Les autorisations de surfaces de bureaux connaissent également une hausse significative de 38 %, bien que le taux de vacance des bureaux reste inégal, avec 3,5 % à Paris et 20 % en première couronne nord.
En ce qui concerne l'entretien-rénovation, l'activité en Île-de-France a connu une hausse modeste de 0,8 % en 2022 par rapport à l'année précédente, la plus faible augmentation en France. Les perspectives des professionnels pour 2023 sont en baisse de 18 % par rapport à l'année précédente, « seules des annonces de soutien et des politiques de rénovation énergétique réelle pourraient améliorer cette situation », commente Edouard Durier.
Face à cette crise du logement, la FFB Grand Paris propose de revaloriser le budget de MaPrimeRénov d'un million d'euros par an pendant cinq ans, afin de répondre aux objectifs fixés par le gouvernement.
« On est prêts », insiste Edouard Durier, « les professionnels sont formés et qualifiés mais en Île-de-France, le gouvernement et les politiques n’appuient pas suffisamment sur la rénovation énergétique alors qu’on entend partout, et on en est les premiers convaincus, qu’il faut absolument rénover les logements. À Paris, ce ne sont pas seulement les voitures qui polluent, ce sont les logements mal isolés et mal chauffés », ajoute-t-il.
La stagnation de l'activité d'entretien-rénovation constitue une double menace pour le secteur du bâtiment. Associée à la crise du logement, cette situation pourrait entraîner une baisse de 4 % de l'activité à l'échelle nationale d'ici 2025, entraînant la suppression de 100 000 emplois.
« Les conséquences économiques pourraient rapidement se transformer en conséquences sociales », prévient ainsi le vice-président de la FFB Grand Paris.
+33 % de défaillances d'entreprises en 2022
Sur le plan financier, les défaillances d'entreprises dans le secteur de la construction en Île-de-France continuent d'augmenter, avec une hausse de 33 % par rapport à l'année précédente (par rapport à mars 2019, la hausse est de 22 %). Le contexte inflationniste et les difficultés d'approvisionnement alimentent l'inquiétude des chefs d'entreprise quant à la viabilité de leurs carnets de commandes.
« Il est crucial d'agir rapidement, car la restriction des crédits compromet la capacité des ménages à accéder à la propriété et celle des investisseurs à investir dans le logement », déclare Edouard Durier, soulignant que les mesures prises par le gouvernement ne satisfont pas les professionnels, qui dénoncent notamment le rabotage du Prêt à Taux Zéro (PTZ), la suppression du dispositif Pinel sans remplacement adéquat et le manque de volonté de faire de la rénovation énergétique une priorité pour les années à venir.
La crise des matériaux, bien que dans une tendance baissière, persiste avec des prix élevés. Une situation qui a un impact direct sur les entreprises du secteur et la rentabilité des chantiers.
« Cette crise du logement désormais actée va avoir des conséquences multiples », alerte le vice-président, appellant le gouvernement et les politiques locales « à renverser la tendance et à réaccélérer la mise en chantier des logements, l’entretien-rénovation, et tout ce qui permet aux entreprises du secteur de vivre et d’éviter de licencier les professionnels qu’on a jusqu’ici essayer de garder au maximum, malgré les différentes crises que nous subissons depuis 2008 », conclut-il.
Marie Gérald
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