Wall Street rebondit et les Bourses européennes limitent les dégâts
Wall Street a rebondi mardi, tandis que les Bourses européennes limitaient leurs pertes après leur fort recul de la veille et un plongeon des bourses asiatiques, mais l'incertitude demeurait sur le sort de l'assureur AIG, menacé de dépôt du bilan.
Soutenant le marché à l'issue d'une séance volatile, la rumeur d'un sauvetage pour AIG a rassuré les investisseurs. "Il se dit que la Fed (banque centrale américaine, ndlr) pourrait intervenir pour soutenir AIG, qui du coup a limité ses pertes", a expliqué Art Hogan, stratégiste de Jefferies. "Mais ce ne sont que des spéculations, car en réalité personne ne sait", a nuancé l'analyste.
AIG, engagé dans une course contre la montre pour réunir 75 milliards de dollars nécessaires pour échapper au dépôt de bilan, a vu son titre chuter de 21,22% à 3,75 dollars, après être tombé à 1,25 dollar en séance. Mais le sort de l'assureur, à qui il ne restait que quelques heures pour trouver 75 milliards de dollars, restait incertain mardi soir, alors qu'une faillite serait dévastatrice pour le système financier international.
La Bourse de Paris a limité son recul, le CAC 40 clôturant en baisse de 1,96% à 4.087,40 points, dans un marché toujours plombé par les inquiétudes sur le secteur financier. L'indice vedette avait chuté de 3,78% à 4.168,97 points lundi, après le dépôt de bilan de la banque d'affaires Lehman Brothers.
A Francfort, première place de la zone euro, l'indice Dax des trente valeurs vedettes a baissé de 1,63% à 5.965,17 points, tandis que le MDax, qui regroupe les valeurs moyennes, baissait, lui, de 0,82% à 7.699,14 points.
Le recul a été accentué à Londres qui a chuté de 3,43%, notamment en raison de la forte baisse du titre de la banque HBOS. L'indice Footsie-100 est même passé dans la journée sous la barre des 5.000 points, soit son plus bas niveau depuis juin 2005, avant de finir légèrement au-dessus de ce seuil.
L'indice européen Eurostoxx 50 a perdu 1,99%, tandis qu'ailleurs en Europe Zurich a perdu 2,97%, Milan a reculé de 2,85%, Amsterdam de 3,59% et Stockholm de 1,66%. Madrid a progressé de 0,11%. La Bourse d'Oslo, dominée par les valeurs pétrolières, a terminé en baisse de 5,78% après avoir perdu jusqu'à près de 10% dans la journée.
En Russie enfin, la journée a été particulièrement difficile. L'indice Micex a clôturé en baisse de 17,45% après plusieurs suspensions, l'indice RTS a également été suspendu avant la fin de la séance mais n'a pas rouvert, restant sur une chute de 11,5%.
Les places asiatiques ont toutes fini en baisse mardi.
A Tokyo, deuxième place financière mondiale, l'indice Nikkei a terminé la séance sur un plongeon de 4,95%, à son plus bas niveau en plus de trois ans.
La Bourse de Shanghai a chuté de 4,47% en clôture, malgré la baisse des taux d'intérêt annoncée la veille par la Banque centrale chinoise.
L'indice Hang Seng de Hong Kong a plongé de 5,44%. A Séoul, l'indice Kospi a lui aussi dévissé, perdant 6,10%.
Fermées lundi en raison d'un jour férié, les places boursières de Tokyo, Shanghai, Hong Kong et Séoul avaient échappé à la tourmente qui s'était emparée des marchés boursiers mondiaux.
Les autres places asiatiques n'ont pas été épargnées mardi. Taïpeh a terminé en baisse de 4,89%, Manille de 4,51%, Singapour de 1,01% et Kuala Lumpur de 1,87%. Sydney a fermé en recul de 1,39% et le NZX néo-zélandais a chuté de 2,87%.
Sauvées à Wall Street par les espoirs de sauvetage d'AIG, les valeurs bancaires ont été ailleurs les plus malmenées. A Tokyo, les titres des principales banques japonaises comme Mizuho, Mitsubishi UFJ, Sumitomo Mitsui ou Resona Holdings, dont certaines sont d'importantes créancières de Lehman Brothers, ont subi des chutes de l'ordre de 10% ou plus. A Zurich, UBS a été massacrée en Suisse, de même que HBOS à Londres.
Le dépôt de bilan de Lehman Brothers "est un choc pour les participants sur les marchés d'actions et les pousse à fuir davantage les risques", a commenté Kazuhiro Takahashi, gérant chez Daiwa Securities SMBC.
Selon lui, les investisseurs espéraient que d'autres banques viendraient à la rescousse de Lehman Brothers ou que la Réserve fédérale ou le gouvernement américain concocterait un compromis, comme celui qui avait abouti quelques mois plus tôt à la vente de Bear Stearns à JPMorgan pour un prix modique.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé le maintien de son taux directeur à 2%, malgré l'accélération de la crise financière qui avait alimenté l'idée d'un rabaissement du loyer de l'argent.
"Si la Fed avait réduit ses taux, cela aurait réduit le coût de l'emprunt pour les institutions financières mais ne les aurait pas poussées à prêter davantage", a relevé l'économiste indépendant américain Joel Naroff.
Les grandes banques centrales, Banque du Japon, Banque centrale européenne, Banque d'Angleterre et Réserve fédérale américaine, ont d'ailleurs injecté lundi et mardi des dizaines de milliards dans les marchés financiers.
La Bourse de Sao Paulo, première place financière d'Amérique du sud, a rebondi mardi de 1,68%, après avoir plongé la veille de 7,59%.
Buenos Aires a gagné 0,61% mais Santiago a reculé de 1,74%, Caracas de 0,16%, Bogota de 3,78% et Lima de 3,35%