Ventilation, chauffage, climatisation : comment éviter les pénalités carbone ?

La RE2020, en vigueur depuis le 1er janvier 2022 pour la construction neuve, marque une rupture avec la RT2012 en intégrant une dimension environnementale plus poussée.
Outre les exigences énergétiques, elle impose désormais une analyse du cycle de vie (ACV) des bâtiments, avec six indicateurs réglementaires, dont deux indicateurs carbone évolutifs : l’impact carbone lié à l’énergie et celui lié à la construction.
Ces réductions rendent l’optimisation de chaque lot d’équipements indispensable, en particulier celui du CVC (chauffage, ventilation, climatisation), qui représente jusqu’à 20 % de l’impact carbone d’un bâtiment selon les études – et jusqu’à 40 % dans le tertiaire.
Les fiches PEP : un outil stratégique pour la RE2020
Face à ce constat, les fiches PEP (Profils Environnementaux Produits) se révèlent importantes. Ces documents normalisés, issus d’ACV, permettent de quantifier l’impact environnemental d’un équipement CVC tout au long de son cycle de vie : fabrication, distribution, usage, maintenance, fin de vie.
Utiliser une fiche PEP permet d’éviter les données environnementales par défaut, souvent plus pénalisantes. Toutes les PEP sont consultables sur la base INIES et intégrées aux logiciels RE2020. Elles jouent aussi un rôle dans l’éco-conception, car elles facilitent la comparaison entre produits et ouvrent la voie à des optimisations concrètes.
Pour illustrer concrètement l’impact des PEP, Thomas Lemerle a présenté une étude menée sur un immeuble de bureaux équipé d’une pompe à chaleur double service, de ventilo-convecteurs et d’une ventilation double flux.
Le premier calcul, réalisé avec des valeurs forfaitaires, plaçait le projet au-dessus du futur seuil 2025. Une saisie détaillée, avec recours à des PEP spécifiques – notamment celles de France Air – pour le lot 8.4 (traitement d’air), a permis de réduire l’impact carbone de 26 kgCO2/m2, soit une baisse significative.
Cette optimisation, sans coût matériel supplémentaire, représente une économie carbone équivalente à celle qu’on obtiendrait en investissant entre 25 et 50 €/m2 dans des matériaux bas carbone.
Bonnes pratiques et perspectives
Les intervenants ont souligné trois recommandations pour intégrer efficacement les PEP dans les projets, dont celle de collecter les données techniques détaillées dès les phases amont (CCTP, plans, DPGF…), ou encore de télécharger les fichiers XML disponibles sur la base INIES pour affiner les saisies, mais également de combiner "saisie détaillée et forfaitaire" selon les sous-lots, en adaptant au cas par cas.
Enfin, France Air a annoncé la poursuite de son programme de développement de nouvelles fiches PEP, avec l’objectif de couvrir rapidement l’ensemble de son catalogue et de répondre aux besoins croissants des maîtres d’ouvrage et des bureaux d’études.
Par Marie Gérald
Photo de Une : Adobe Stock