Un cocon douillet pour les chantiers
Il aura fallu quatre ans à ces cinq artisans (menuisiers, maçons, charpentiers, couvreurs…) pour mettre au point le dôme. « En 2007, j’ai souhaité en finir avec notre trop grande dépendance financière aux aléas météorologiques. Il n’y avait pas trente-six solutions : soit investir plus d’un million d’euros dans une chaîne de construction en atelier permettant d’installer une maison pré-fabriquée en quelques jours ; soit trouver un moyen de protéger nos chantiers » dévoile Christophe de Quélen, leader du groupement d’artisans et gérant de la SARL Dôme de Bretagne. Comme son marché local était insuffisant pour rentabiliser une solution industrielle, le menuisier se lance dans la conception de cet abri de chantier taille XXL. « La réglementation nous a donné du fil à retordre ! Les règles d’urbanisme bien sûr, mais surtout les obligations liées à la médecine du travail comme la qualité de l’air, l’éclairage ou les sorties de secours. Heureusement, la région nous a largement aidé en prenant en charge la rédaction documentaire nécessaire, soit 1500 pages tout de même ! » raconte Christophe de Quélen.
Monté en une journée
La première version du Dôme de Bretagne offre une surface de 500 m2 (25 m de diamètre) et une hauteur de 12m50. De quoi construire une maison de quatre étages. Il est constitué de quatre structures gonflables en toile enduite, connectées par des fermetures à glissières, et mis en pression permanente par une soufflerie électrique. Une technologie proche des portiques marquant l’arrivée des compétitions sportives. La résistance au vent (jusqu’à plus de 100 km/h) est assurée par des boudins « fondations » remplis d’eau. Le dispositif est transporté dans deux containers de 22 pieds qui sont ensuite utilisés comme locaux additionnels : l’un contient les éléments techniques (système GTC – Gestion Technique Centralisée gérant le groupe électrogène, l’éclairage, la ventilation, le contrôle d’accès, les communications….), l’autre offre une petite salle de vie et des sanitaires. Côté exploitation, rien de plus simple. « Le montage et le démontage prennent une journée chacun à quatre personnes, et la structure consomme entre 6 € et 9 € par jour en électricité » détaille Christophe de Quélen.
Jusqu’à 30% de gain de temps
Une fois à l’abri, les compagnons se retrouvent dans des conditions idéales pour travailler. Dôme de Bretagne estime ainsi entre 25% et 30% le gain de temps : « A l’évidence, cela permet de travailler certains jours ou nous serions resté à la maison. Et l’on gagne un temps fou en évitant de tout ranger en quittant le chantier. Mais après trois chantiers, nous avons découvert d’autres avantages. D’abord, cela permet à tous les corps de métiers de travailler en parallèle puisqu’il n’est pas nécessaire d’attendre que la maison soit hors d’eau / hors d’air pour attaquer l’intérieur. Ensuite, la qualité du travail est bien meilleure : les colles tiennent mieux, il n’y a pas de dépôts de poussières dus au vent, les joints d’étanchéité sont mieux posés, on voit beaucoup mieux ce que l’on fait… Et enfin, la pénibilité est largement diminuée, ce qui limite les risques d’accidents du travail. D’ailleurs les RSI acceptent de participer à l’investissement ! » se félicite Christophe de Quélen.
Des dômes sur mesure pour le monde entier
Il n’aura pas fallu longtemps avant que le dôme, facturé 150 000 € HT dans sa version actuelle, intéresse d’autres acteurs. « Nous recevons environ 3 demandes sérieuses par semaine, dont certaines proviennent de pays étrangers comme la Norvège, la Suisse ou le Canada. Elles émanent parfois de secteurs très différents de la construction comme l’événementiel, le génie civil (garage pour véhicules de chantiers), les assurances (bâtiment de secours), et même un photographe ! Nous commençons donc à commercialiser des dômes sur mesure, en fonction des besoins des clients. Nous tablons sur une poignée de vente seulement en 2012 car nous voulons encore faire progresser le produit et acquérir de l’expérience. Ensuite, nous passerons surement à une phase plus industrielle mais cela demandera beaucoup plus de capitaux » conclut Christophe de Quélen. Une simple formalité : les investisseurs frappent déjà au portillon.
Olivier Barrellier