Pour beaucoup d'Américains, l'orgueil du propriétaire va devenir cauchemar
Le nombre de saisies atteignait déjà 500.000 à la fin de l'année dernière, selon des statistiques de l'association des banquiers hypothécaires, et le sénateur républicain Richard Shelby estime que cela ne pourrait être que "le sommet de l'iceberg".
La banque d'affaires Goldman Sachs a indiqué vendredi que les saisies pratiquées sur les maisons possédées par des emprunteurs "subprime" ont pratiquement doublé l'année dernière et se situent maintenant au même niveau qu'à la fin 2001, lorsque l'économie américaine avait été victime d'une récession. M. Dodd a organisé jeudi des auditions au Congrès où ont témoigné des responsables du secteur financier, de la banque centrale mais aussi des propriétaires acculés. "J'ai l'impression qu'ils ont profité de moi parce que j'ai 77 ans", a déploré Jennie Haliburton, une veuve. Ses paiements mensuels ont récemment bondi de 700 dollars à 1.000 dollars.
Sandra Thompson, une responsable de l'organisme fédéral de garantie bancaire FDIC, crée après la crise de 1929, a estimé que l'analogie du sénateur Shelby sur la pointe de l'iceberg pourrait se révéler exacte. Un autre sénateur démocrate Robert Menendez évoque lui un "raz-de-marée", alors que la valeur des prêts hypothécaires qui ne sont aujourd'hui plus remboursés atteint déjà 150 milliards de dollars.
Les organismes financiers sont aussi au rang des victimes. Plusieurs d'entre eux comme People's Choice Home Loan, Ownit Mortgage Solutions et ResMae Mortgage Corp ont fait faillite ces derniers mois. Le géant britannique HSBC a lui mis mis en réserve plus de 10 milliards de dollars pour faire face à d'éventuelles pertes de crédit sur ses prêts immobiliers.
Les excès des dernières années pourraient inciter Chris Dodd à proposer une législation pour encadrer le secteur, a indiqué une de ses porte-parole, et la Chambre des représentants pourrait lui emboîter le pas. Le ralentissement du marché immobilier constaté ces derniers mois a paradoxalement donné lieu à d'autres excès, certains propriétaires fortunés offrant voitures de luxe, adhésion à des clubs de golf et télévisions à haute-définition pour séduire des acheteurs potentiels pour leurs demeures.
Le creux de la vague pourrait toutefois être atteint. Des statistiques publiées vendredi ont montré un rebond de 3,9% des reventes de logements en février alors que le taux moyen des prêts hypothécaires est en baisse.