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Le développement durable révolutionne l'architecture

Publié le 08 février 2008

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A l'heure où le concept de développement durable est devenu le grand défi du siècle, le secteur de l'architecture, en France, s'interroge sur ses pratiques et trouve des solutions respectueuses de l'environnement. C'est l'occasion de mettre en application le principe de prévention, d'inventer d'autres espaces de vie, de créer une architecture novatrice et de renouer avec la fonction sociale du métier d'architecte, en connexion avec ses confrères internationaux.
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Peut-on construire « durable » et restaurer « responsable » ? Comment favoriser une architecture verte ? A l'occasion du Grenelle de l'environnement, un ensemble de rencontres politiques conduites en France par le ministre de l'Environnement et du Développement durable, Jean-Louis Borloo, les énergies renouvelables et la maîtrise de l'énergie ont été mises à l'honneur. Le secteur du bâtiment reste sans conteste le grand gagnant de ces rencontres. Une politique massive d'investissement est annoncée. Toutes les constructions neuves devront, d'ici 2012, présenter une consommation énergétique de 50 kWh/m2/an. Le parc immobilier ancien n'est pas en reste puisqu'il fait l'objet d'une remise aux normes, à commencer par les édifices publics.

Pour François Gondran, architecte des bâtiments de France et responsable du Service départemental de l'architecture et du patrimoine (SDAP) de Gironde, « les architectes sont des acteurs déterminants dans la mise en place d'actions respectueuses du développement durable pour la conservation et la mise en valeur des monuments, sites, secteurs sauvegardés... A Bordeaux, nous avons installé un pôle de formation permanente afin que tous les participants parlent le même langage. Le dialogue avec les collectivités locales, les chambres consulaires, les représentants de l'Etat, les ingénieurs et les industriels du bâtiment nous paraît indispensable. Le principe de précaution se situe au cœur de notre démarche : ne pas démolir les centres historiques et recycler les matériaux anciens devenus rares ».

C'est également à Bordeaux, ville ouverte sur l'Europe et sur le monde, inscrite en 2007 au Patrimoine mondial de l'Unesco, que l'architecte Françoise-Hélène Jourda, spécialiste de la construction écologique, vient de livrer un musée botanique équipé de serres photovoltaïques. Elle met actuellement en chantier à Saint-Denis (région parisienne), un immeuble de bureaux qui devrait devenir la première construction de France à énergie passive. Ayant pris très tôt conscience de l'importance de construire des bâtiments « responsables » et de qualité, Françoise-Hélène Jourda a réalisé, parmi de très nombreuses constructions, l'école d'Architecture de Lyon (1985), l'Université de Marne-la-Vallée, le Palais de Justice de Melun. Figure de l'architecture contemporaine, elle enseigne à Vienne, en Autriche (après la Norvège, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne), et bâtit en Grèce, au Maroc, en Allemagne où elle a réalisé de très nombreux projets, notamment l'Académie du Mont-Cenis à Herne dans la Rhur. Françoise-Hélène Jourda est une architecte typique de la mouvance « sustainable architecture », en connexion permanente avec ses confrères internationaux et l'actualité du débat qu'ils mènent. « Le développement durable va bouleverser l'écriture de l'architecture autant que la révolution industrielle. En matière de construction, cela implique une bonne gestion de cinq ressources : les matériaux, le sol, l'eau, l'air et l'énergie », observe-t-elle.

Aujourd'hui, que ce soit la pierre, le calcaire ou les minerais, nos réserves de matières premières se sont affaiblies et les prix se sont envolés. Comment faire face à cette pénurie ? Parmi les matériaux en pleine expansion et respectueux de l'environnement (bois, chanvre, mélèze, paille, laine, duvet d'oie, parpaings, panneaux photovoltaïques ...), le chanvre, qui permet de construire des murs « respirants » et assure une aération naturelle de l'édifice, constitue un isolateur thermique et phonique de qualité. Mélangé à d'autres produits, il fournit un béton de chanvre dont les constructeurs sont très satisfaits. « Il est important de réutiliser le patrimoine en privilégiant l'étude des techniques anciennes. C'est une excellente école », remarque François Gondran.

En 2007, le salon international de la construction Batimat a été placée sous le signe du développement durable, un thème qui s'est décliné sous quatre formes : la maîtrise de l'énergie, la sécurité, l'accessibilité et la rénovation. Une question a notamment été posée : comment réaliser des économies d'énergie en alliant confort, efficacité et rentabilité ? Avec près de 1000 nouveaux produits présentés cette année, Batimat a démontré que les acteurs de ce secteur d'activité étaient prêts à relever les défis liés au bâtiment. Un prix international d'architecture durable a été lancé en 2007 par la Cité de l'Architecture et du Patrimoine. Le lauréat, Hermann Kaufmann, un architecte autrichien spécialisé dans la construction du bois, va réaliser une maison écologique à Chanteloup-les-Vignes (Région parisienne). « Cette récompense m'encourage à continuer mon travail. Il reste tellement de choses à faire en architecture dans le domaine du développement durable », confie-t-il.

La protection de l'environnement et le développement durable, dans le domaine de la construction, sont intimement liés à la maîtrise des aspects techniques et environnementaux des bâtiments, mais aussi des aspects économiques, sociaux et culturels. « Nous nous devons de connaître les techniques respectueuses de l'environnement pour demeurer exemplaires dans leur application », ajoute François Gondran. La formation est donc un élément essentiel de la politique de développement durable. Les architectes ont pris conscience de cette donnée. Ainsi les écoles d'architecture et l'Ordre des architectes ont-t-ils annoncé que la formation continue des acteurs de la profession devient obligatoire dès 2008, à l'occasion de leur période d'habilitation à la maîtrise d'œuvre.

Alors, à quand la maison bio ? Concilier habitat écologique et architecture n'est plus une utopie et les architectes vont être de plus en plus nombreux à s'y essayer.

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