La maison à 15 euros par jour : Effet d'annonce ou vraie relance ?
construites, malgré le battage médiatique. Aujourd'hui, le ministre du Logement nous
propose une maison à 15 euros par jour.15 euros par jour, correspond à 450 euros par mois, soit un prix de revient de l'ordre de 110.000 euros avec un emprunt sur 20 ans !
Voilà donc un montage très classique que Christine Boutin nous annonce sans aucun coup de pouce budgétaire de l'Etat en faveur des plus modestes de nos concitoyens. Montage classique mais inopérant là où le foncier est cher et complexe à mettre en oeuvre.
Le risque de l'étalement Urbain, d'une certaine ghettoïsation
Ce genre d'opérations ne pourra se réaliser (et probablement en nombre limité) que dans des secteurs éloignés des zones urbanisées et risquent d'accroître l'étalement urbain, en total contradiction avec les conclusions du Grenelle de l'environnement. Il semble d'ailleurs que soit évacuée la dimension environnementale d'un tel produit, qui ne comporte aucune valeur ajoutée en matière d'économie d'énergie, d'eau, de limitation de l'émission de gaz à effet de serre.
De plus l'implantation de logement sur des terrains à bas prix en grande périphérie des villes, multiplie les temps de transport et d'énergie et induit des dépenses qui pénalisent lourdement le pouvoir d'achat des accédants.
On peut enfin s'étonner de la précision de l'annonce de Mme Boutin qui parle d'opérations sur des terrains de 2 hectares, pour 50 pavillons de 80 m2. On peut légitimement penser que la Ministre se fait le relais pur et simple de promoteurs, ayant quelques opérations délicates à réaliser et qui espèrent trouver là une aubaine pour les valoriser. Mais de tels programmes, homogènes en taille et en composition sociale vont renforcer la constitution de ghettos de familles modestes dans des lotissements de lointaine périphérie, ce qui ne va pas dans le sens de la mixité sociale souhaitable dans notre République.
La crise de l'accession à la propriété pour les foyers modestes, l'urgence d'un vrai plan de relance et le développement de la sécurisation.
Cette annonce « gadget » ne peut cacher la crise profonde de l'accession sociale à la propriété, et le grand décalage entre les discours sur une France avec 70% de propriétaires et l'absence d'initiatives gouvernementales pour la relance de l'accession populaire.
La Fédération nationale des sociétés coopératives d'Hlm, spécialistes de l'accession sociale à la propriété au sein du Mouvement Hlm, plaide depuis plusieurs mois, en faveur de mesures concrètes, simples, indispensables pour cette relance : une généralisation de la TVA à 5,5% pour l'accession sociale à la propriété des familles ayant des revenus inférieurs à deux SMIC et demi dans des opérations neuves groupées ou des immeubles collectifs en agglomération, et une prime à l'accession très sociale dans les zones les plus urbaines .
Une politique volontariste de l'Etat devrait aussi augmenter la recherche-développement pour diffuser plus largement des « produits logements » économiques et écologiques, Depuis plusieurs années déjà, les coopératives Hlm travaillent à optimiser les techniques et les financements pour satisfaire ce type de demande. Elles ont inventé la sécurisation HLM pour donner une véritable garantie aux accédants modestes sur l'achat de leur logement (garantie de revente et de relogement en cas de difficulté). On doit aller plus loin.
La Fédération nationale des sociétés coopératives d'Hlm demande à la ministre un véritable plan de relance de l'accession sociale qui ne saurait se réduire à la vente du parc locatif social ou à des opérations plus qu'hypothétiques comme la maison à 15 Euros.