L’artisanat du BTP et la prévention, un lien à soutenir (étude)
Quel est le niveau de sensibilisation des artisans du bâtiment face aux risques professionnels ? C’est une question à laquelle la confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), l’institut de recherche et d'innovation sur la santé et la sécurité au travail (l’IRIS-ST), l’organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP) ainsi que la chambre nationale de l’artisanat des travaux publics et du paysage (CNATP) tendent de répondre, à travers une enquête conjointe.
97,4 % des entreprises artisanales se sentent concernées par la prévention
429 chefs d’entreprises - employant de 0 à 19 salariés - ont été interrogés. Première observation : « les entreprises artisanales du bâtiment - qui partagent les risques professionnels avec leurs salariés sur leurs chantiers et dans leurs ateliers - sont totalement sensibilisées et impliquées dans la prévention », expose Jean-Christophe Repon, président de la Capeb.
Dans le détail, les entreprises sont 97,4 % à se sentir concernées par le sujet, dont 40,9 % « très concernées » et 43,8 % « plutôt concernées ». 75 % se déclarent même « plutôt bien » ou « tout à fait » informées sur ces enjeux.
Selon 93 % des répondants, connaître leur métier est « déterminant », afin d’évaluer et d’identifier les risques professionnels. 68 % les identifient à travers des échanges avec leurs pairs.
Seulement 56 % trouvent la rédaction d’un document unique utile.
Les chutes de hauteur et les contraintes physiques parmi les plus grands risques
Selon l’étude, les chutes de hauteur représentent le risque le plus redouté, pointés du doigt par 57 % des entreprises artisanales du bâtiment. Les couvreurs, maçons, peintres et serrurier-métalliers le classent à la première place.
Sur l’ensemble des métiers, les contraintes physiques arrivent à la seconde place (54 % des répondants). Ils se hissent au rang de premier risque chez les carreleurs, charpentiers, plâtriers, applicateurs d’isolation ainsi que les plombiers-chauffagistes.
32 % des artisans identifient également les machines à outils comme responsables d’accident. C’est le cas notamment des menuisiers, pour qui ils représentent le premier risque.
D’autres artisans identifient des facteurs à risque, propres à leur métier. Ainsi, sans surprise, le principal risque pour les électriciens demeure les accidents d’électrocution, tandis que les professionnels des travaux publics craignent plus les engins de chantier.
L’exposition à la poussière figure à la quatrième place des risques identifiés par l’ensemble des artisans du bâtiment.
La productivité et la qualité de vie au travail guident la plupart des mesures de prévention
On remarque également dans l’enquête que les mesures de prévention citées par les entreprises artisanales visent en grande partie à améliorer la performance voire la qualité de vie au travail. La plupart sont des actions organisationnelles : présence d’une trousse de secours (83 %), rangement du chantier (80%), la vérification des outils (66 %) et du véhicule (58%), ou bien présence d’un extincteur (59 %).
« À noter que la mise en place de notice ou d’un accueil de sécurité ou encore de campagne d’affichage interne sont peu ou jamais mises en place », lit-on un communiqué de la Capeb.
Il n’empêche que les choix de matériels et d’équipements des entreprises artisanales sont davantage guidés par des critères de qualité (pour 56 % des sondés), de qualité (47 %) et de prix (46 %). L’ergonomie et le confort (31 %), comme l’impact sur les conditions de travail (25 %) sont en bas des critères d'achat.
Les artisans du bâtiment « en quête d’appui technique »
Il faut dire que les actions de prévention présentent des difficultés, notamment en termes de temps (pour 55 % des sondés), de complexité de la réglementation en vigueur (52 %) mais aussi des démarches administratives (46 %).
«Les TPE du BTP n’ont pas de ressources internes dédiées aux questions de santé et sécurité. Il est donc essentiel de connaître leurs besoins afin de mettre ensuite à leur disposition les informations et outils qu’elles attendent », commente Jean-Christophe Repon.
Les chefs d’entreprises artisanales réclament notamment un accompagnement lors d’accidents graves ou sur une thématique précise. L’aide à l’élaboration d’une démarche de prévention plus durable figure également dans les besoins des sociétés, comme l’envoi de documentation ou de veille réglementaire. Plus précisément en termes d’outils, 54 % demandent des aides financières, 46 % des kits de communication par métier et enfin 30 % des modes opératoires pour leurs chantiers.
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock