l'activité "est en train de se contracter" dans le BTP
Les économistes craignent, non pas qu'elles licencient, mais s'adaptent en jouant sur la durée du travail et en limitant l'intérim, pourvoyeur d'emplois.Dans le BTP, si le secteur reste, selon l'Insee, créateur net d'emplois (+0,8%, +12.000 postes) au 1er trimestre, l'activité "est en train de se contracter", selon l'Unedic. Le BTP a maintenu ses effectifs mais s'est débarrassé de ses intérimaires, première variable d'ajustement.
Une bonne performance, cohérente avec le niveau de croissance bien meilleur que prévu, et qui s'explique aussi par le développement de l'activité de ce qu'on appelle le secteur "non marchand" (même s'il est lucratif), à savoir éducation, santé, sanitaire, etc, qui compte plus de deux millions de salariés et enregistre une croissance de ses effectifs de 2% sur un an. Ce sont des "bons chiffres mais pas durables", a estimé Alexander Law (Xerfi) et ils ne disent rien sur la nature des emplois créés, alors qu'"à l'heure actuelle, on a plus de chance d'être embauché en CDD à temps partiel que dans les années 1990", souligne Eric Heyer (OFCE).
"Rassurant" mais "ce n'est pas le régime de croisière qu'on va connaître à partir de maintenant", a jugé Denis Ferrand (COE-Rexecode). En résumé, selon Marc Touati (Global Equities), "il y a deux enjeux: savoir quel type d'emplois sont créés et ne pas s'emballer sur le chiffre du 1er trimestre". Pour la ministre de l'Economie et de l'Emploi Christine Lagarde, cela "correspond à une économie qui fonctionne, qui tourne et qui crée des emplois (...) une très bonne nouvelle". Pour son secrétaire d'Etat Laurent Wauquiez, le taux de l'emploi en France est "le meilleur depuis 25 ans".
Le régime d'assurance chômage (Unedic) dispose déjà d'indicateurs sur le 2e trimestre, et celui d'avril pour l'intérim n'est "pas bon". D'autres données, produites par le patronat de l'intérim (Prisme), annoncent également un mauvais chiffre pour le mois de mai. L'Unedic attend deux fois moins de créations d'emplois cette année, après le miracle de 2007.
Dans le tertiaire, cela tourne plutôt pas mal, en raison notamment de la forte demande dans les services informatiques (+0,5%, +57.400 postes). Le tertiaire inclut les emplois intérimaires (+15.900 postes), même s'il s'agit de missions effectuées dans le bâtiment ou l'indutrie.
Dans l'industrie stricto sensu, l'emploi continue de se replier (-12.100 postes) et a plongé au 1er trimestre dans l'automobile (-2,1%).