Immobilier : quelles sont les attentes des investisseurs ?
Entre le 12 janvier et le 1er janvier 2015, 8 658 bailleurs ont répondu à l'enquête* de PAP afin de déterminer leur profil, leurs revenus locatifs, la rentabilité de leur investissements, leurs rapports avec les locataires, les aspects juridiques, législatifs et réglementaires entourant l'immobilier...
Suite à cette enquête, les résultats confirme la forte personnalité des bailleurs. « Motivés, ils misent sur l'immobilier pour associer sécurité et revenus complémentaires », souligne l'enquête. En effet, l'investissement locatif est le plus souvent effectué par des hommes (60 %), qui vivent en couple (77 %) ou sont mariés (66 %). Six bailleurs sur 10 ont plus de 50 ans, une majorité sont retraités et les autres cadres dans le public ou le privé.
L'enquête pointe d'ailleurs « une inversion de tendance qui témoigne d'un vieillissement des bailleurs et d'une baisse de la part des actifs ». Globalement, qu'ils soient retraités ou cadres, les bailleurs misent principalement sur l'immobilier pour bâtir un solide patrimoine et/ou arrondir leurs fins de mois.
Nombre d'entre eux sont par ailleurs « expérimentés » : près de 50 % possèdent en effet au moins trois logements. Actifs et avisés, ils n’hésitent pas à s’endetter et à faire du crédit pour optimiser leur opération. Huit bailleurs sur dix empruntent. En 2015, 82 % des bailleurs ont financé leur patrimoine locatif par un prêt (79 % en 2012). 41 % ont fini de le rembourser.
Le DPE ne « sert à rien »
Comme en 2012, l’édition 2015 confirme que les bailleurs ne sont pas hostiles aux locataires mais ils réclament de solides garanties pour éviter ce qu’ils craignent le plus : les impayés. Ils privilégient les jeunes, actifs de préférence ou étudiants. Les retraités ont plus de difficulté à louer. Les bailleurs ne sont pas non plus très favorables à la colocation. Mais ils ne franchissent pas les bornes de la légalité en demandant des pièces interdites.
En ce qui concerne la législation, les règles sont plutôt bien suivies : en 2015, 80 % ont réalisé un diagnostic de performance énergétique (DPE), 69 % un Etat des risques naturels, miniers et technologiques (ERNMT), 63 % un diagnostic plomb, 62 % un diagnostic amiante. 38 % ont fait réaliser un métrage de surface habitable « loi Boutin ».
En revanche, près d'un bailleur sur deux juge que l’obligation de faire figurer le DPE dans les annonces ne sert à rien. 37 % estiment que les locataires qui ont du mal à trouver un toit n’en ont cure puisque pour eux, la priorité est de se loger. 12 % y voient une certaine utilité pour identifier les travaux à réaliser, mais ces derniers, de toute façon, coûtent trop cher. Malgré ces avis négatifs, 36 % des bailleurs considèrent que sensibiliser les habitants aux économies d’énergie est bon pour le futur.
Encadrement des loyers : trois quarts des bailleurs pas concernés
Pilier de la loi ALUR, le dispositif d’encadrement des loyers ne destabilisent pas vraiment les bailleurs, selon l'enquête. Seules 26 % des personnes interrogées se sentent concernées. Une opinion vraisemblablement due au détricotage de la loi ALUR, qui a vidé l’encadrement des loyers d’une grande partie de son sens et au fait que ce dispositif est limité à Paris. Et puis, sur le fond, les bailleurs sont loin d’être convaincus de l’efficacité de la mesure. Seules 8 % des personnes interrogées par l’enquête estiment que l’encadrement aurait amélioré la situation des locataires.
Les rapports locatifs et la fiscalité
Afin de fluidifier les rapports locatifs, 72 % des personnes interrogées attendent une plus grande souplesse en cas de défaillance du locataire. 55 % veulent une réforme du droit des expulsions. 52 % souhaitent plus de rapidité dans le traitement des litiges. Un peu plus de 35 % demandent à ce que la reprise du logement soit plus facile.
D'autre part, la fiscalité pèse de plus en plus lourd selon eux. Près de 62 % demandent un allègement des impôts via la mise en place d’abattements forfaitaires sur les loyers. 52 % souhaitent la suppression des taxes annexes comme la CSG et le RDS. La réglementation, toujours plus touffue, est vue comme pénalisante. « Mais que l’on ne s’y trompe pas : la pierre reste un placement prisé, un îlot de sécurité dans un océan d’incertitudes », conclut l'étude.
*Les résultats de cette enquête sont basés sur les réponses de 8 658 bailleurs qui ont récemment passé une annonce sur pap.fr. L'enquête comptait 55 questions. Les réponses ont été recueillies entre le 12 janvier et le 1er février 2015.
C.T
© Fotolia