Face à la généralisation de la distribution du Livret A, la Banque Postale riposte !
"Il y a un décalage entre les effets de la banalisation qui sont très rapides d'un côté, et le temps qu'il nous faut pour nous préparer à mettre en marché" les nouveaux produits, a précisé Patrick Werner, président du directoire de la Banque Postale, présent lors de cette l'audition et qui a jugé "totalement crucial" un "élargissement de la gamme".
La Banque Postale, qui compte 23 millions de Livrets A, ne peut pas encore offrir des contrats d'assurances dommages ou des services aux entreprises, a rappelé M. Bailly. Concernant l'assurance dommage, la filiale de La Poste attend avec "beaucoup d'impatience" le feu vert de l'Etat "parce que nous nous sentons prêts techniquement à démarrer le processus", a précisé M. Werner. Elle a été autorisée en novembre par l'Etat à vendre des crédits à la consommation mais il faudra "au moins trois ans pour commencer à exister en terme de parts de marché", a indiqué M. Bailly. Elle peut également proposer depuis mai du microcrédit social. M. Bailly a rappelé que l'actuel dispositif de distribution du Livret A permettait de financer la mission d'accessibilité bancaire qui incombe à la Banque Postale.
"La banalisation met d'une certaine manière à mal le mode de financement actuel par l'écrémage des gros livrets par les autres acteurs" bancaires, a-t-il estimé. Il a rappelé que les détenteurs aisés des Livrets A n'étaient souvent pas clients de la Banque Postale et qu'un "peu plus de la moitié" des Livrets A n'avaient que des "encours inférieurs à 150 euros". M. Bailly s'est dit "préoccupé". "Il nous semble que le nouveau produit proposé (...) peut être assez problématique vis-à-vis des populations les plus fragiles", évoquant notamment la "fin de la gratuité totale".
Il a en outre remis en cause la période de transition de cinq ans, évoquée dans le rapport de Michel Camdessus sur le Livret A, pour permettre à la Banque Postale de s'adapter à la banalisation de la distribution.
"L'hypothèse que la charge de cette mission d'accessibilité bancaire sera équirépartie entre toutes les banques" d'ici cinq ans "ne nous paraît pas tout à fait réaliste", a-t-il ajouté.