Changement climatique : le parc immobilier également en cause

Il faut convaincre des millions de ménages d'isoler murs, combles et fenêtres, d'acheter des équipements sobres en énergie et de changer leurs habitudes. Ne pas mettre en veille l'ordinateur, raccourcir la douche, couvrir la casserole sur le feu par exemple.
Il faut aussi sensibiliser les professionnels du bâtiment. "Vous pouvez établir un dispositif très performant avec des crédits d'impôt, des subventions ou des primes, si vous n'avez pas d'artisans qui installent le chauffe-eau solaire ou si le plombier vous annonce un prix d'achat quatre à cinq fois supérieur pour cet appareil, ce sera un échec", observait récemment le ministre de l'Ecologie, Serge Lepeltier. Un Lillois équipé d'un chauffage électrique rejette 200g de CO2 par kWh. S'il couple un chauffe-eau solaire à un chauffage au gaz, il n'émet plus que 80 grammes de CO2/kWh.
Le chauffage est le premier poste de consommation d'énergie de l'habitat (56%) devant l'éclairage, la télévision, la vidéo et l'ordinateur (26%), l'eau chaude (12%) et la cuisson (6%).
Projets de loi sur l'énergie et Plan Climat prévoient que le crédit d'impôt des particuliers améliorant la consommation énergétique de leur logement (bâtiment ancien) sera porté de 15 à 25%. Et à 40% pour un achat d'équipement d'énergie renouvelable (neuf et ancien). Le gouvernement étudie par ailleurs une réglementation qui diminuerait la consommation énergétique de 15% tous les cinq ans dans les bâtiments neufs et fixerait des dispositions moins contraignantes pour les grosses opérations de rénovation urbaine.
"Notoirement insuffisant", juge Pascal Eveillard au nom d'un Collectif d'industriels de l'isolation (Saint-Gobain Glass, Lafarge, Isover notamment). Dès maintenant, estime le Collectif (www.isolonslaterre.org), le gouvernement devrait fixer des objectifs chiffrés de consommation énergétique assortis d'un calendrier, pour le neuf comme pour l'ancien. Et imposer la transformation annuelle de 400.000 logements vétustes en logements écologiques où le chauffage consommerait 50 kWh/m2/an contre quatre à six fois plus actuellement.
Les technologies existent déjà dans les pays voisins comme l'Allemagne, le Danemark, la Suisse et l'Autriche. Et le surcroît d'investissement (200 euros par m2) n'est pas insurmontable, selon le Collectif. Des banques pourraient contribuer au montage des opérations par des prêts bonifiés qui leur attireraient de nouveaux clients. Le montant des remboursements correspondrait aux économies de facture EDF-GDF réalisées.
Mais l'impulsion décisive doit venir du gouvernement, martèle le Collectif. Avec la politique actuelle, la France risque de "ne pas stabiliser" ses émissions en 2010 et de violer ses engagements internationaux. Pis, elle est "assurée de manquer" son objectif affiché officiellement pour 2050, une division par quatre de ses rejets réchauffant l'atmosphère.
Par Odile MEUVRET pour l'AFP