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Aux avant postes d'une conjoncture morose, l'intérim "trinque"

Publié le 23 octobre 2008

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Aux avant postes de la crise, le secteur de l'intérim a vu son activité chuter de façon drastique depuis la rentrée et, après la récente annonce de 600 suppressions d'emplois chez Adecco, numéro un du secteur, patronat et syndicats ne cachent plus leurs inquiétudes.Le travail intérimaire, qui représentait en 2007 quelque 3,6% de l'emploi salarié en France, soit 637.900 équivalents temps plein, est considéré comme un bon indicateur de l'évolution du marché du travail.
Aux avant postes d'une conjoncture morose, l'intérim "trinque" - Batiweb
"Dès que ça va mal quelque part, ce sont les intérimaires qui trinquent", déplore Yannic Poulain de la CGT Intérim. "En période difficile, les entreprises réduisent l'emploi intérimaire en premier", renchérit la fédération patronale Prisme regroupant 90% des entreprises du secteur, selon laquelle transports, BTP et bâtiment sont les plus touchés.

Le début de son ralentissement remonte à mars 2008. Et depuis, la situation s'est aggravée. "Après un recul de -1 à -3,6% de l'activité depuis mars, on est passé à -6%, -7,5% en juin-juillet, et puis ça s'est encore accéléré puisqu'on est à -10% en septembre, et on va vers -12% en octobre", résume Arnaud de la Tour, le président de Prisme.

"On a rarement été confronté à une baisse aussi soudaine et d'une telle ampleur", ajoute-t-il.

Les perspectives pour les mois à venir "ne sont pas bonnes", juge-t-il sans s'avancer davantage. Mais le ton est donné: "Toute la profession est affectée et les professionnels sont inquiets".

L'industrie concentre près de la moitié des emplois intérimaires (45,5%), devant les services (33%) et le BTP (20,7%). Pour les entreprises d'interim spécialisées dans l'automobile ou le bâtiment, il y a du souci à se faire", dit Sébastien Delahaye (CFDT) secrétaire fédéral CFDT Intérim.

Constat confirmé par Arnaud de la Tour, selon lequel depuis la rentrée, les secteurs des transports, du BTP et de l'automobile "s'effondrent puisqu'on évoque des -15 à -20%" d'activité".

Signe de la morosité ambiante, les durées des contrats raccourcissent: "Je signe des contrats d'une semaine, je suis sur le fil du rasoir, l'année dernière, quand ils (les patrons) voulaient garder quelqu'un, ils signaient des contrats d'un mois" indique un tuyauteur électricien du Nord-Pas-de-Calais, sous couvert d'anonymat.

Adecco, numéro 1 du secteur dans le monde et en France, a déjà tiré des conséquences pour son propre compte. Jeudi dernier, le groupe suisse a annoncé un plan social visant 600 emplois en France au premier semestre 2009. La direction dit vouloir atténuer le choc en favorisant des départs volontaires.

Sur un total de 5.500 salariés permanents chez Adecco, ce plan représente plus de 10% de l'effectif. Sont visés des agences Adia (-80 postes) et Adecco (-460) et du personnel du siège d'Adecco France (-60).

La CFDT a déploré "une réaction immédiate et précipitée, alors que la santé financière de l'entreprise est démontrée". "Adecco devrait pouvoir envisager des mesures pour passer la crise sans licencier", estime Sébastien Delahaye, secrétaire fédéral CFDT Intérim. "Il y a un risque que les autres suivent (...) on a cette crainte", ajoute-t-il.

A la CGT Intérim, le secrétaire général Yannic Poulain, redoute "un plan social chez Manpower comme cela a été annoncé chez Adecco". Il y a un CCE extraordinaire le 14 novembre à l'initiative de la direction de Manpower, "ce n'est jamais bon", dit-il.

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