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Au pays de la bière rousse, l'immobilier craint la gueule de bois

Publié le 23 mai 2007

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Une maison s'y est vendue plus de 55 millions d'euros, avant que son propriétaire ne décide de la démolir pour en bâtir deux nouvelles à la place: Shrewsbury Road, dans le sud cossu de Dublin, incarne la frénésie du marché immobilier irlandais depuis une décennie.
Welford House, bâtisse de brique rouge aux colombages blancs et noirs datant des années 1880, a finalement survécu au caprice de son acquéreur, le voisinage s'opposant au chantier.
Au pays de la bière rousse, l'immobilier craint la gueule de bois - Batiweb
Mais son prix record a fait des émules: de l'autre côté de la rue, Belmont House, une demeure de 1904 aux 650 mètres carrés, a été rachetée pour plus de 30 millions d'euros. Sur Ailesbury Road, une allée voisine, les enchères atteignent facilement 15 millions. Le quartier, Ballsbridge, parsemé de vieux arbres et d'ambassades, est un havre de paix à quelques minutes du centre de la capitale. Toutes les façades se ressemblent cependant et, malgré la taille des édifices, de tels montants paraissent exorbitants. Simon Essor, l'un des responsables de l'agence immobilière Sherry Fitzgerald, qui a conclu les deux transactions vedettes, n'y voit que le jeu de l'offre et de la demande.

"Pour des raisons historiques, les maisons aussi imposantes sont rares dans le pays, alors qu'il compte désormais un certain nombre de gens très riches", explique-t-il. La plupart d'entre eux ont d'ailleurs fait fortune dans l'immobilier, grâce à dix années de "croissance incroyable". Le prix moyen d'une maison a de fait sextuplé sur la période, pour atteindre 310.000 euros en province et 430.000 euros dans la capitale, conséquence de la faiblesse des taux d'intérêt, de la hausse du niveau de vie et du gonflement de la population via l'immigration.

Le secteur de la construction, en même temps, a doublé sa production, transformant Dublin en un gigantesque chantier. Les grues encombrent encore le paysage, comme dans les docks à l'est, dont le réaménagement fait penser à celui d'Amsterdam, avec ses immeubles modernes au bord de l'eau et leur cortège de restaurants et de salles de gym. Mais le boom touche à sa fin.

En mars, pour la première fois depuis cinq ans, les prix des maisons ont reculé dans le pays, faisant craindre un krach. "Il est certain que la croissance du marché va retomber à des taux à un chiffre", a reconnu le président de la Banque d'Irlande, John Hurley, lors de la réunion de la BCE il y a deux semaines à Dublin, en assurant que le ralentissement se ferait en douceur. Les économistes avancent plusieurs explications.

Tout d'abord, la demande s'estompe. La banque AIB prévoit 75.000 nouveaux logements pour 2008, contre 82.500 cette année et 93.000 en 2006, soit une baisse de 20% en deux ans. Ensuite, face à des taux d'intérêt plus élevés en zone euro, à une inflation galopante en Irlande et aux prix "surréalistes" demandés sur le marché, "les acheteurs commencent à montrer de la résistance", souligne Jim Power, du cabinet Friends First.

Signe des temps: à Tyrellstown, dans l'ouest de Dublin, le promoteur TwinLite Developments, pour attirer les jeunes ménages vers ses maisons de 299.950 à 510.000 euros, propose de payer leur crédit immobilier les six premiers mois, à concurrence de 1.200 euros, avec en prime une cuisine équipée.

Enfin, l'économie irlandaise a perdu en compétitivité et pâtit désormais des réductions d'effectifs des multinationales qui ont fait son succès, comme Motorola ou Pfizer. La perte de ces emplois de qualité est la principale menace pour la santé de l'immobilier, selon M. Power.

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