Au bout des prêts à hauts risques, la saisie pour 2,2 millions d'Américains
Mme Edwardsen fait partie des 2,2 millions de foyers qui risquent de perdre leur maison d'ici à la fin de l'année, incapables de faire face à des échéances toujours plus hautes, basées sur des prêts à hauts risques.
Ce type de prêts à double détente, s'ajustant à un taux variable souvent autour de 12% après une courte période à taux fixe, a représenté en 2005 plus de 20% de tous les crédits immobiliers. Aujourd'hui, un sur cinq de ces "crédits exotiques" va se conclure en saisie. Ces emprunts qui, dans un premier temps, faisaient miroiter de faibles mensualités, étaient souvent proposés à des personnes à petit revenu ou réputé peu solvables, qui ne pouvaient prétendre à des prêts traditionnels.
Avec l'euphorie du marché immobilier quand la mensualité devenait trop lourde, les emprunteurs pouvaient renégocier le prêt en se basant sur la hausse du prix de leur maison. Ils obtenaient souvent du même prêteur un crédit plus important, servant lui-même à rembourser le premier. "Tant que le marché immobilier a grimpé très fort, cela a caché les problèmes qui maintenant éclatent au grand jour", résume Ira Rheingold, directeur de l'Association nationale des avocats de défense des consommateurs (NACA).
C'est ce qui est arrivé à Mme Edwardsen. Entre 2002 et 2006, elle a refinancé quatre fois son prêt. Quand elle était en difficulté, le courtier lui proposait de renégocier. Son emprunt est passé de 103.000 dollars à 285.000 quatre ans plus tard et les mensualités ont grimpé de 786 dollars à 2.800 dollars, alors qu'elle gagne toujours la même chose.
"L'argent qu'ils me donnaient en plus servait à mes travaux mais surtout à payer les nouvelles échéances du prêt lui-même. Quand je leur disais mais dans six mois quand tout l'argent est parti, comment je fais ? Ils me disaient, pas de souci, on vous refinance". Cette frénésie des prêteurs à distribuer des prêts à hauts risques très rémunérateurs s'est doublée d'un laxisme sur les garanties. Certains prêts étaient baptisés "les ninas" pour "no income, no assets" parce qu'ils n'exigeaient "ni revenus, ni actifs".
Certains courtiers n'hésitaient pas à inscrire de faux renseignements sur leurs clients. D'assistante opticienne gagnant 1.600 dollars, Mme Edwardsen est ainsi devenue "docteur avec un revenu de 6.000 dollars", affirme-t-elle. "Les prêteurs savaient que tous ces gens ne pourraient pas honorer ces emprunts et ils ont prêté quand même, aveuglés par leur propre avidité et par le flot d'argent qu'apportait Wall Street", résume Iran Rheingold. La semaine dernière, les autorités financières américaines ont annoncé un durcissement des conditions d'obtention de ces prêts.
"Tant mieux! Mais comme on dit chez nous, ils ferment la porte de la grange quand les vaches se sont déjà sauvées. C'est trop peu et trop tard", affirme Iran Rheingold.