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Après la Chine, les Indes ou l'Eldorado du XXIème siècle ?

Publié le 23 décembre 2004

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Dans l'histoire des systèmes mondiaux capitalistes, les Indes occupent
une place tout à fait originale. Leur colonisation a donné à
l'Empire britannique une consistance que sa prédominence navale ou commerciale
n'aurait pas suffi à lui procurer. Après avoir ainsi servi la
prééminence anglaise durant le premier monde capitaliste, les
Indes disparurent de la grande scène de l'histoire. Aujourd'hui, comme
la Chine, l'Union Indienne revient en force au devant de la scène du
monde capitaliste, en se comportant comme une économie qui a pris son
élan et comme un Etat sûr de soi, mais assez peu enclin à
étaler sa domination
Après la Chine, les Indes ou l'Eldorado du XXIème siècle ?  - Batiweb
En moins de 15 ans, l'Inde est arrivée au 7ème rang des puissances industrielles. Son économie englobe l'agriculture, l'artisanat, les industries modernes ainsi que les services. La pauvreté ainsi que la surpopulation sont des facteurs qui ralentissent son économie. Le produit intérieur brut (PIB) est relativement important, il est de l'ordre de 270 milliards de dollars avec un taux de croissance de 4.5% environ. Mais le PIB par personne est faible, 2,600 dollars.

Maintenant, tandis qu'un nouveau système mondial capitaliste s'ajuste à l'imperialisme américain, l'Inde, par ses "ruses", élude les exigences américaines, utilise au mieux les ressources de l'ONU, conforte prudemment ses relations avec les autres puissances peu douées pour la soumission et poursuit autant qu'il se peut son cheminement essentiel, vers une démographie maîtrisée, une économie plus développée et une politique stabilisatrice de ses peuples divers et de son remuant voisin.

Son appareillage politique semble assez souple pour réduire sans répressions excessives les tensions qui ne peuvent manquer de se produire dans un ensemble en marche vers le milliard et demi d'habitants, répartis entre 28 Etats et sept "territoires" aussi autonomes les uns que les autres.

La Chine qui fait de la "stabilité" le premier de ses principes politiques, est confrontée à un problème de même taille que celui de l'Inde, mais rendu plus complexe par les raideurs de son système politique et, à l'inverse, allégé par une diversité interne nettement inférieure à celle de l'Inde. Elle s'offre ainsi comme terme de comparaison entre deux Etats miséreux et puissants où se joue pour une bonne part l'avenir du système mondial.

Les Indes sont un quartier aussi lourdement peuplé que le "monde sinisé". Pris ensemble, ces deux sous-systèmes contiennent près de la moitié de la population mondiale actuelle. On est donc, ici, dans un domaine où les détails importent moins que les mouvements massifs, pour qui veut comprendre en quoi les Indes sont affectées par la machinerie du monde actuel et à quel point elles la subissent - ou la freinent.

Encore faut-il se souvenir que la stabilité d'un pays se joue dans l'opinion des "stabilisés" eux-mêmes, c'est-à-dire dans leur consentement à l'ordre établi, plus que dans leur soumission à la contrainte exercée sur eux par l'Etat. De ce point de vue, l'Inde a une longueur d'avance sur la Chine, mais insuffisante pour garantir un développement sans heurts. Ainsi l'évolution des Etats chinois et indien et la maturation des sociétés civiles dans ces deux pays sont et resteront le terrain où se jouera, avec leurs avenirs respectifs, l'orientation du système mondial lui-même.

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