A Néchin, petite France en Belgique, le prix des terrains a décuplé
Dans les rues du petit bourg, situé à quelques kilomètres de Lille côté belge, rien pourtant ne laisse penser à une invasion de grandes fortunes: peu de voitures tape à l'oeil, pas de maisons dignes de Beverly Hills, tout juste aperçoit-on une Jaguar au détour d'une rue.
"Très discrets", même s'ils habitent "de grandes baraques", confie l'employée d'une société d'assurances du village, dont 20% de la clientèle est française. Aujourd'hui, dans l'"entité" d'Estaimpuis, dont dépend Néchin et qui regroupe sept communes, "il y a 10.000 habitants, dont 2.000 Français", relève Daniel Senesael, le bourgmestre (maire), qui souligne toutefois que tous ne traversent pas la frontière pour fuir l'ISF ou profiter d'un système de transmission d'entreprise avantageux. "Il y a des Français qui veulent échapper à l'impôt sur la fortune, qui rachètent ou font construire en général de grandes maisons, et il y a beaucoup de fonctionnaires" qui profitent d'une convention fiscale franco-belge avantageuse, rappelle-t-il.
Et si tout le monde à Néchin souligne la "discrétion" de ces Français parfois très riches, tous se plaignent également de l'augmentation continue des prix de l'immobilier le long de la frontière. M. Senesael avance des chiffres édifiants: en 12 ans, le prix des terrains à bâtir a décuplé, passant de 12,5 euros à 125 euros le m2! Des prix qui restent accessibles pour des Français, mais qui deviennent excessifs pour beaucoup d'habitants du village. "Pour les gens d'ici, les prix pour une petite maison deviennent impensables", souligne la commerçante du centre.
Un vieil habitant, présent à Néchin depuis 30 ans et qui préfère lui aussi rester anonyme est plus rude à l'égard de ces Français. "Ils font augmenter les loyers, et puis ils filent...", peste-t-il. Pour que les Français participent plus à l'économie locale, le bourgmestre a entrepris de faire appliquer à l'ensemble de ses administrés la loi qui impose que la voiture d'une personne domiciliée en Belgique y soit immatriculée, afin de bénéficier de la part de la taxe destinée à la commune.