« Le projet de loi sur la transition énergétique présenté par Mme Royal prépare l'avenir, donne de la visibilité mais il est urgent de ne pas oublier ce secteur constitué de PME innovantes et d'apporter des solutions pratiques et pérennes à la crise actuelle », explique Enerplan dans un communiqué, qui souhaite engager un plan d'action sur trois ans pour relancer la filière.

« Bien que la France soit exportatrice nette d'équipements solaires thermiques, la régression du marché solaire thermique dans le résidentiel individuel depuis 2009, et dans le collectif depuis 2013, est telle que le secteur est « sous tension » ».

« Nous avons totalement décroché de la trajectoire de l'objectif du Grenelle qui visait un parc installé de 14 GWth (20 millions m²) avec 2,1 GWth (3 millions de m²) de marché annuel en 2020 », déplore le syndicat.

Une filière compétitive, sans aide, d'ici 2016

Pourtant, la filière ne manque pas d'atout pour renouer avec la croissance selon Enerplan. Elle transforme 70 % du rayonnement solaire en chaleur utilisable pour l'eau chaude, le chauffage ou le froid.

Elle traite à la fois la production et le stockage, avec un usage différé de la chaleur jusqu'à 3 à 4 jours et permet d'autoconsommer pour répondre à ses besoins et préserver le pouvoir d'achat des Français.

Enfin, la filière serait compétitive (sans aide) à partir de 2016-2017 pour les installations les plus performantes, et d'ici à 2020 pour quasiment l'ensemble des application, souligne le syndicat.

« La filière de la chaleur solaire est à un virage ; elle s'est mobilisée dans un plan d'action pour relancer le marché et gagner en compétitivité. Les leviers d'action sont identifiés point par point.  Les nouvelles techniques (généralisation de kits pré-assemblés en usine, solutions dites auto-vidangeables, etc..) permettent de viser un objectif de 7 cts euro/kWh avant 2020. (…) Ce secteur, stratégique pour le bâtiment et l'industrie, est non seulement capable de créer 20 000 emplois mais de faire économiser plus d'un milliard d'euros par an en énergie importée d'ici 2025. Ce plan filière est donc crucial », déclare François Gibert, vice-président d'Enerplan.

Multiplier par 8 ou 10 le CA

« Dans le détail, ce plan comporterait deux volets : l'un pour faciliter la mise sur le marché des produits et développer de nouvelles opportunités pour la chaleur solaire compétitive, l'autre pour redynamiser le solaire thermique, en structurant l'offre par la performance et la qualité », explique Richard Loyen, Délégué Général d'Enerplan.

Plusieurs actions concrètes seraient déclinées autour de ces deux axes : application de la directive éco-design à partir de septembre prochain, promotion des bonnes pratiques pour être plus compétitif, développement des usages du solaire thermique pour les réseaux de chaleur et l'industrie tertiaire, consolidation de la confiance entre la filière et les offices HLM, qui ont pu être déçus auparavant, et développement des opportunités dans le logement collectif.

Enfin, la filière souhaite structurer l'offre en termes de performance et de qualité en développant le solaire thermique 2.0 avec le suivi des consommations, et des outils communs pour répondre à la problématique de formation au sein de la profession. Le plan inclut par ailleurs un volet commun aux filières ST et PAC, avec la mise en place d'une plateforme mutualisée d'innovation qui couvrira les systèmes hybrides, en plus des sujets propres à la R&D spécifiques des filières ST et PAC.

La filière solaire espère ainsi multiplier son chiffre d'affaires par 8 voire 10 d'ici 2025 afin qu'il atteigne de 2,5 à 3 milliards d'euros par an, avec un marché national de 3 millions de m2/an. Actuellement, cette filière représente 3000 emplois direct (industrie, installation, ingénierie, maintenance) pour un chiffre d'affaires de l'ordre de 300 millions d'euros par an.

C.T
© digital-designer - Fotolia.com