Syrie : l'Etat islamique s'attaque à Lafarge
« Lors de son avance sur la localité kurde d'Ain al-Arab, près de la frontière avec la Turquie, ils se sont emparés de l'usine Lafarge et l'ont partiellement brûlée », selon les informations de Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), relayé par l'AFP.
Contactée par Batiweb, la porte parole de Lafarge n'a pas souhaité confirmer cette information, pourtant relayée par plusieurs médias. « A notre connaissance, l'usine n'a pas subi de dommages majeurs mais nous essayons d'obtenir plus d'informations», a-t-elle précisé tout en précisant qu' «il est difficile d'obtenir plus de renseignements, étant donné que nos salariés sur place ont été évacués ».
Plus tôt dans la journée, le groupe avait annoncé l'évacuation de son site, situé à 150 kilomètres au nord-est d'Alep. « Eu égard au contexte, l'activité tournait déjà au ralenti depuis quelques semaines. Nous avons décidé de la stopper le 18 septembre et de renvoyer les employés chez eux tant que la situation ne se débloquait pas. Nous avons voulu assurer la sécurité de nos collaborateurs avant tout », précise cette même source.
Evacuation de l'usine
« L'instruction a été donnée aux employés de l'usine de ne pas se rendre sur le site », mis en service en 2011, a-t-elle précisé. « Nous comptons 250 collaborateurs locaux sur deux sites en Syrie, celui de la cimenterie et un siège social situé à Damas. 230 à 235 salariés sont concernés par l'évacuation par mesure de sécurité, les autres travaillent toujours actuellement au siège social. Il n'y a aucun expatrié parmi eux. Nous ne savons pas encore quand l'activité va pouvoir redémarrer mais nous informerons les salariés dès que nous en saurons plus sur le contexte. Nous avons mis en place un protocole afin de suivre la situation au niveau local », assure-t-elle sans pouvoir en dévoiler davantage.
L'usine avait été une première fois sécurisée par l'intervention de l'armée avant d'être mise sous la coupe du PYD en août 2013, la branche militaire du Parti kurde de l'Union démocratique(PUD), majoritaire dans la région.
Cette usine d'une capacité annuelle de 2,6 millions de tonnes de ciment représente l'un des investissements étrangers les plus importants jamais consentis en Syrie en dehors du secteur pétrolier. Le projet avait été chiffré à 600 millions d'euros lors de son lancement.
La construction de l'usine avait été engagée par le groupe égyptien Orascom, racheté par Lafarge en 2007. La production avait commencé en 2010.
Claire Thibault (avec AFP)
© Image prétexte - Centrale à béton de Iasi, Roumanie, Lafarge DR/Creedy Smith Justin