Alors que le CINOV a annoncé des sanctions à l'égard des trois bureaux de contrôle, Laurent Peinaud le président de la délégation construction au sein de la Coprec dénonce une « erreur d'interprétation », mettant en valeur des différences d'appréciation sur les missions interdites ou non pour les bureaux de contrôle. Explications.
Le 17 novembre dernier, la Fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du Conseil, de l'Ingénierie et du Numérique (Cinov) informait ses membres de la décision prise par les ministres de l'Ecologie et du Logements de « sanctionner » trois sociétés spécialisées dans le contrôle technique (Qualiconsult, Socotec et Veritas) pour non-respect de la règle d'incompatibilité. La « sanction » : un agrément réduit à « trois ans contre cinq ans habituellement ».
Mais la définition même de la règle d'incompatibilité ne semble pas très claire. La loi « Spinetta » de 1978 précise que « l'activité de contrôle technique est soumise à agrément. Elle est incompatible avec l'exercice de toute activité de conception, d'exécution ou d'expertise d'un ouvrage. La décision d'agrément tient compte de la compétence technique et de la moralité professionnelle ».
Or, «qu'est-ce qu'une mission conception ?, s'interroge Laurent Peinaud, président de la délégation construction au sein de la Coprec, une organisation professionnelle qui fédère les organismes de prévention, d'inspection et contrôle tierce partie indépendante. Au départ, nous nous étions mis d'accord avec le Cinov pour qu'à la moindre ambiguïté, on le précise dans nos rapports. On s'était engagé à le mettre au clair ».
Problème de définition des missions
Durant plusieurs années, la Coprec, le Cinov et les pouvoirs publics tentent en effet une clarification des termes et des missions sur l'assistance et la conception afin de mettre tout le monde d'accord « mais cela n'a pas abouti faute de consensus entre les parties prenantes, on est arrivé au bout d'une logique », déplore aujourd'hui Laurent Peinaud « et les pouvoirs publics n'ont pas su trancher ».
« Nos adhérents se retrouvent ainsi face à des appels d'offres qui précisent que les missions ne seront validées et payées qu'une fois que toutes les réserves seront levées, ce qui incitent certains à être à la fois juge et partie », détaille Laurent Peinaud.
Du coup, c'est la justice qui tranche régulièrement au cas par cas. Pour éviter la multiplication des cas d'impartialité, « nous avons mis plusieurs actions en place, dont un dispositif de surveillance des risques et un comité éthique qui soutient nos adhérents s'ils ont des questions sur les appels d'offres. Ces dispositifs fonctionnaient et tous les ans nous faisions un bilan avec le ministère. On s'est donc donné trois ans pour améliorer le système si nécessaire. Trois ans, c'était une volonté d'aller vite ».
Trois ans pour faire fonctionner le système
Selon la Coprec, « le ministère a souhaité acter les choses pour que les dispositions soient opérantes et validées d'ici trois ans. On ne s'est pas donné cinq ans, tout simplement parce qu'on estime que c'est quelque chose qui peut changer dans le temps et qu'il faut qu'on puisse intégrer tous les changements, de façon à pouvoir véritablement juger de l'impartialité. Quand le Ministère nous redonne son agrément, que ce soit sur 3, 4 ou 5 ans c'est qu'il a plutôt confiance en nos capacités à gérer deux sujets : la compétence, les moyens, et surtout la question de l'impartialité. C'est une prise en compte des efforts que nous faisons pour éviter les cas d'impartialité ».
Le problème pour Laurent Peinaud, c'est que cela « remet en question la tierce partie indépendante alors même que le consommateur a besoin d'avoir confiance et de disposer d'éléments de garantie sur son projet de construction. Si on empêche la tierce partie de se développer, cela impacte aussi le dynamisme de la construction », conclut-il après avoir assuré que la profession était « prête à clarifier toutes les définitions ».
Claire Thibault
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