Relance de la construction : les réactions des professionnels
Suite à l'annonce de la ministre du Logement et de l'Egalité des territoires, plusieurs camps semblent s'être formés du côté des professionnels quant au bien fondé des mesures proposées par le gouvernement pour relancer la construction.
Il y a ceux qui sont globalement satisfaits comme Roger Bélier, président du Syndicat national des Aménageurs lotisseurs, qui « se félicite des mesures de relance de la construction », « salue la volonté affirmée du gouvernement de rééquilibrer les territoires » et pense que « la simplification des normes va également dans le bon sens ».
« Ces mesures même si certaines doivent encore être améliorées, sont de nature à relancer l’accession sociale à la propriété et le parcours résidentiel », écrit Roger Bélier, qui souhaite avancer sur la question de la libération du foncier privé.
Même son de cloche du côté de l'Union des Maisons Françaises qui « note avec satisfaction le souhait de relancer une accession à la propriété (…) présentée enfin comme une priorité numéro un ».
Et puis il y a les autres.
Seulement une première étape, pour la FPI
Certains professionnels penchent pour une mise en oeuvre rapide de ces mesures, qui devront être complétées au fil de l'eau pour répondre plus en détails à la crise du secteur de la construction.
« La Fédération des promoteurs immobiliers de France sera vigilante à leur mise en œuvre qu’elle espère rapide. Toutefois, elles ne constituent qu'une première étape et devront être complétées par un dispositif d’aide à la primo-accession en zones tendues et par des mesures permettant de mobiliser le foncier privé. », note son président François Payelle.
D'autres mesures seront nécessaires pour la FFB
La Fédération française du bâtiment semble partager le même point de vue « L’ensemble de ces mesures est de nature à réduire le choc et à éviter le pire sous condition d’une mise en œuvre rapide. On peut néanmoins craindre que d’autres mesures soient encore nécessaires dans les prochains mois », écrit Jacques Chanut.
Dans le détail, le président de la FFB juge tout de même « indispensable » la révision des exigences réglementaires et normatives et salue « cette avancée qui vise à alléger les contraintes et à peser sur les coûts, puisque les exigences réglementaires et normatives expliquent un tiers de la dérive des coûts ». « Le choix de légiférer par ordonnance pour les cinquante premières mesures annoncées doit être salué », a précisé la FFB.
Sur la question de la transition énergétique, la FFB accueille la réforme du crédit d'impôt en faveur du développement durable et la levée des obstacles à la distribution de l’éco-prêt à taux zéro comme « des mesures excellente pour le marché », tout en restant attentifs sur les conditions de mises en oeuvre du transfert de la responsabilité technique de la banque sur l'entreprise RGE., réclamant une fois de plus le texte du décret d'application.
Enfin, les mesures prises concernant la relance de la construction neuve « confirment le diagnostic fait depuis des années par la profession. En jouant principalement sur le PTZ+ dans les zones B et C, où les effets de levier de l’aide sont les plus grands et sur l’adaptation des paramètres du « Duflot » aux conditions de marché, le gouvernement, sous les contraintes financières qui s’imposent à lui, fait preuve de pragmatisme. Parmi les autres mesures, on notera également l’ouverture du PTZ+ à l’ancien sous condition de travaux en zone rurale et le renforcement de la mobilisation du foncier. »
L'AIMCC sceptique
De son côté, l'association des Industries de Produits de construction « craint que le gouvernement ne parvienne pas à atteindre son objectif de 500 000 logements construits et/ou rénovés par an, malgré les mesures de relances annoncées aujourd'hui ».
« Les mesures de simplification déjà annoncées sont utiles et vont dans le bon sens, mais leurs effets positifs n’auront pas d’impact immédiat et ne se feront sentir que d’ici quelques années. Elles pourraient même déboucher sur une réduction des performances des bâtiments », écrit l'AIMCC.
« La relance du bâtiment aujourd’hui ne peut pas être abordée uniquement sous l’angle fiscal, nuance Jean-Marie Vaissaire, président de l'AIMCC. Les logements que nous devons construire doivent être moins chers, et répondre aux exigences de la transition énergétique. Seuls les industriels sont capables de répondre à ces différentes exigences à travers une innovation permanente des produits ».
Cécile Duflot toujours dans le combat
Plus tôt dans la matinée, l'ancienne ministre EELV du Logement, Cécile Duflot s'était félicité des annonces de Manuel Valls, interviewé par le Parisien sur les mesures en faveur de la relance du secteur.
« Les mesures prises par Silvia Pinel et annoncées ce matin par Manuel Valls vont dans le bon sens », a déclaré la députée écologiste dans un communiqué. « Elles appellent néanmoins à maintenir une vigilance pleine et entière sur le volet social et à renforcer l'effort d'investissement dans le secteur du logement. Les mesures en faveur de la construction sont positives ». « La mobilisation générale pour la libération du foncier public et privé est une nécessité absolue ».
« De la même manière, poursuit l'ancienne ministre, le renforcement du dispositif fiscal dit Duflot peut être salué. Il me semble néanmoins nécessaire de veiller à ne pas laisser augmenter les plafonds de loyer, au risque de renouer avec les bulles spéculatives que nous avons connues lors des dispositifs Scellier et Robien » prévenait alors l'ex-ministre, qui surveille toujours de près le dossier de la loi Alur.
C.T
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