Outre-mer : le développement des EnR perd de la vitesse
Dans une de ses études, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a pointé du doigt le manque de dynamisme des politiques de soutien et a notamment cité la suppression de la défiscalisation, la disparition ou inadaptation des tarifs règlementés pour certaines filières, ou encore l’irrégularité des appels d’offres.
Dans ce contexte, le développement des EnR dans les territoires ultramarins aurait été freiné alors même que le potentiel d’économies d’énergie y est considérable.
Un potentiel hors-norme
L’an dernier, l’Ademe a publié un rapport portant sur le potentiel de l’Outre-mer en matière de maîtrise de l’énergie et de développement des EnR.« Les ressources éoliennes sont présentes sur l’ensemble des DOM-COM, sauf en Guyane, qui compense par des capacités de production hydrauliques massives lui permettant d’atteindre près de 70% d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique. L’énergie des mers est exploitée à la Réunion, en Guadeloupe et en Polynésie Française, en particulier pour produire du froid en tirant profit des eaux profondes à très basse température. Dans les Caraïbes, la géothermie est une ressource essentielle, tandis que la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion et la Nouvelle-Calédonie peuvent compter sur la biomasse » pouvait-on lire dans le document.
Si les faits sont encourageants, le taux de pénétration des énergies renouvelables dans la production électrique des Outre-mer ne dépasse pas les 22% et le taux de dépendance de ces territoires en matière d’énergie est évalué à environ 80% (Chiffres Ademe, 2014).
Cette dépendance est d’ailleurs l’un des points traités dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte. En effet, l’un des enjeux est de « parvenir à l’autonomie énergétique dans les départements d’outre-mer à l’horizon 2030, avec comme objectif intermédiaire, 50% d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 ».
Le SER estime que pour atteindre ces objectifs, il est indispensable « que toutes les forces politiques, administratives et économiques de ces territoires se mobilisent » afin d’accroître la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire.
Vers une plus grande autonomie énergétique
La demande en électricité dans les DOM-CROM a connu une hausse considérable notamment du fait de la croissance démographique et de l’augmentation du taux d’équipement des ménages en matériel électrique.Les systèmes électriques insulaires sont de taille réduite et les coûts de production sont structurellement plus élevés qu’en métropole, une situation qui pourrait d’ailleurs s’accentuer « en raison de l’évolution des prix des combustibles fossiles et du prix des émissions de CO2 », indique le SER.
Le SER souligne que le coût de production moyen de l’électricité dans les Outre-mer est de 225 euros / MWh alors que le prix moyen actuel de l’électricité photovoltaïque avec stockage s’élève à 215 euros / MWh. On comprend alors tout l’enjeu du développement des énergies renouvelables dans ces territoires qui disposent « de particularités géographiques et de gisements locaux spécifiques, diversifiés et abondants », permettant d’accroître la production d’EnR.
Un arrêté technique a instauré un seuil maximal de pénétration des énergies renouvelables variables sur les réseaux électriques (30%) qui interdit notamment le développement de ces moyens de production sans leur associer des dispositifs de stockage et de gestion du réseau.
Alors comment atteindre l’autonomie énergétique ?
Le SER articule sa réflexion autour de plusieurs volets en commençant par l’intégration des réductions de coûts des filières renouvelables dans les exercices prospectifs en cours, en particulier le photovoltaïque, l’éolien et le stockage.
Le syndicat insiste sur la nécessité de développer plus rapidement des réseaux intelligents afin d’augmenter le seuil de pénétration des EnR électriques variables sur les réseaux insulaires tout en garantissant la sécurité des systèmes électriques.
En ce qui concerne les transports, l’étude considère qu’il faut diffuser massivement les véhicules électriques, à biocarburants ou à hydrogène, pour ainsi réduire la dépendance aux énergies fossiles importées. « Les véhicules électriques, à la fois consommateurs d’énergie lors de leurs phases de charges peuvent devenir un puissant outil de stockage lorsqu’ils sont reliés aux réseaux domestiques ».
Le SER prône le développement de nouvelles filières telles que la géothermie, les énergies marines, l’utilisation des cultures énergétiques avec la canne combustible ou d'autres variétés à pousse rapide, et plébiscite de nouveaux moyens de production tels que le solaire thermique ou encore les « Sweater airconditionning ».
« Les programmations pluriannuelles de l’énergie pour les zones non-interconnectées (PPE ZNI) actuellement en cours d’élaboration revêtent un caractère crucial pour l’avenir énergétique des territoires ultramarins et le développement des filières renouvelables, créatrices de valeurs ajoutées locales et d’emplois », indique enfin l'étude du Syndicat des énergies renouvelables.
Jérôme Billerey, président de la Commission des régions ultramarines du SER déclare lui : « Les PPE ZNI nous donnent une chance historique d’orienter de manière décisive l’avenir énergétique des départements d’outre-mer afin qu’ils redeviennent le fer-de-lance de la transition énergétique : saisissons-la ! ».
R.C
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