Ossature bois : « La préfabrication va prendre une part significative du marché »
Aymeric Duthoit : Nos 200 collaborateurs (ndr : dont 100 en atelier et 50 sur les chantiers) ont réalisé 150 maisons en 2010, pour 12 M€ de chiffre d’affaires, et 215 en 2011 pour 18 M€. L’année en cours sera vraisemblablement similaire à 2011 en valeur car nous devons travailler sur notre gestion des opérations, qui nécessite beaucoup de sous-traitance.
La dure réalité des chantiers ?
Il y a un peu de ça. Nous sommes très performant dans l’aménagement des espaces intérieurs, et dans la mise en place de process industriels efficaces, mais nous devons améliorer nos performances lors des phases de montage sur site. C’est une étape normale dans notre développement : nous savions que nous allions devoir apprendre un nouveau métier. D’ailleurs nos confrères venant du bâtiment se heurtent aux mêmes problématiques, mais sur la préfabrication, ce qui explique que la plupart se cantonne à la 2D.
En quoi la 3D est-elle supérieure ?
Plus la part de fabrication en atelier est élevée, plus vous améliorez la qualité et la fiabilité du bâtiment. Chez nous cette part atteint 70 à 80%, ce qui facilite l’accession au label BBC (ndr : même sans chaudière à gaz), et bientôt à la maison passive. De plus, c’est bien l’industrialisation des process qui conduit à la baisse des coûts. Nous sommes déjà à parité de prix avec la construction traditionnelle à qualité égale, et nous estimons que des volumes de production compris entre 1000 et 2000 maisons par an, nous permettront d’être moins chers que la concurrence. Au final, c’est donc ce rapport qualité prix qui séduit nos clients.
D’ailleurs, vous ne vendez pas aux particuliers…
Effectivement, 90% de nos clients sont des bailleurs sociaux. C’est une volonté de notre part afin de monter en puissance rapidement, sans déployer une armée de commerciaux ni éparpiller nos chantiers. Néanmoins, nous sommes très sollicités par les particuliers et nous réfléchissons actuellement aux différentes possibilités de les satisfaire d’ici trois à cinq ans… pourquoi pas en s’associant aux artisans du bâtiment…
Craignez-vous l’arrivée potentielle d’Ikea sur ce marché de la maison individuelle ?
Il me semble qu’à l’instar des « logements containers », la maison d’Ikea se heurte à des freins réglementaires multiples. Cela explique surement son absence pour le moment. De toute façon, le marché est large : la part du bois dans la construction neuve est actuellement d’environ 7% par an, alors qu’on estime à 20% son potentiel à moyen terme. Et…il en faut pour tous les goûts.
Comment voyez-vous l’évolution de votre marché ?
Nous sommes à la veille d’une rupture : la préfabrication, en bois ou non, va prendre une part significative du marché. Le bois va pour sa part bénéficier de son excellent bilan carbone : notre modèle Muse, par exemple, offre un bilan négatif (ndr : donc très bon) car elle « stocke » 2,5 tonnes de carbone. Enfin, le paysage des acteurs, qui mélange aujourd’hui une poignée de géants comme Bouygues ou Vinci, quelques industriels comme nous, des nouveaux entrants, et une multitude de petites sociétés, va nécessairement évoluer fortement. Dans quelle direction ? C’est encore beaucoup trop tôt pour le dire.
Pour finir, quels sont vos projets pour 2012 ?
Nous montons dans les étages, avec notamment une résidence étudiante de 300 logements en R+3 à Nantes. Et nous espérons produire notre première maison passive d’ici un an ou deux.
Propos recueillis par Olivier Barrellier