PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy lance jeudi devant le Medef "la deuxième phase" de ses réformes économiques, avec des annonces en faveur des entreprises et du pouvoir d'achat pour contrer une croissance en berne et des prix à la consommation en hausse.
Le président veut mettre à profit l'université d'été du patronat, réunie à Jouy-en-Josas (Yvelines), pour "prononcer un grand discours sur la politique économique qui marquera la deuxième phase des réformes économiques", selon David Martinon, porte-parole de l'Elysée.
Après l'adoption de la loi TEPA (travail, emploi et pouvoir d'achat), "cette nouvelle étape nous permettra d'aller plus loin dans les réformes et de contribuer à renforcer la compétitivité de l'économie française", selon le porte-parole.
Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a précisé que M. Sarkozy devait également annoncer des mesures "en matière de pouvoir d'achat".
"Le pouvoir d'achat, c'est la priorité du gouvernement", a affirmé Luc Chatel (Consommation et Tourisme), mercredi à l'issue du Conseil des ministres.
L'ouverture de cette deuxième phase - après le "paquet fiscal" censé provoquer "un choc de confiance" - intervient dans un contexte économique difficile.
Alors que l'Allemagne, principal partenaire économique de la France au sein de l'Union européenne, connaît une embellie, avec des comptes publics excédentaires et des finances dopées par un taux de croissance florissant, la France fait face à une croissance moins forte que prévue (+0,3% au 2ème trimestre) et un déficit commercial record au premier semestre (15 milliards d'euros).
D'où la volonté affichée par le président, plus de trois mois après son entrée en fonction, de relancer la machine économique pour "gagner le point de croissance qui manque au pays", comme il l'a martelé pendant sa campagne et depuis son élection.
Un calendrier social et économique très chargé l'attend d'ici à la fin de l'année. Le 30 août se met en place la commission sur les freins à la croissance. Début septembre Eric Besson, secrétaire d'Etat chargé de la Prospective, lui remettra son rapport sur l'expérimentation de la TVA sociale, avec les avantages et inconvénients d'une mesure largement impopulaire.
Le 7 septembre débutera la négociation entre partenaires sociaux pour la réforme du marché du travail, qui devrait entraîner, selon le Premier ministre François Fillon, une "modernisation d'ampleur de notre démocratie sociale". Le 25 octobre se tiendra la conférence sur les salaires et le pouvoir d'achat.
Alors que Laurence Parisot, présidente du Medef, a jugé que la venue de M. Sarkozy à Jouy-en-Josas était "un bon signe pour tout le monde", deux des principaux syndicats, CGT et FO, ont déploré le lieu choisi par l'Elysée pour ce discours de rentrée. "Ce n'est pas l'endroit idéal", selon Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.
Pour désamorcer ce début de polémique, M. Sarkozy a tenu à recevoir les syndicalistes avant son discours. Jean-Claude Mailly (FO), M. Thibault, ainsi que François Chérèque (CFDT), se sont succédé à l'Elysée en début de semaine.
M. Mailly a souligné devant le chef de l'Etat le "vrai problème de pouvoir d'achat et les attentes fortes en la matière", tandis que M. Chérèque se déclarait "prêt à négocier sur tous les sujets" à condition que le président et le gouvernement "respectent le dialogue social".
M. Thibault a souhaité un discours "très équilibré" du président.