Marché de la primo-accession : une embellie sur fond d'inquiétude
Après quatre années d'une conjoncture défavorable, la commercialisation des maisons en secteur diffus semble se redresser, selon le dernier indicateur de l'Observatoire Markemétron d’avril 2015. Il indique en effet une « embellie » avec une progression de 14 % par rapport au trimestre précédent.
« Le fait le plus notable est un retour de la primo accession modeste comme l’atteste le prix moyen des opérations qui est en diminution. Ce retour est sans aucun doute la traduction mécanique de la reconfiguration positive du PTZ à compter d’octobre 2014 couplé à des taux d’intérêts qui restent historiquement bas », souligne l'Union des maisons françaises.
Selon ses prévisions, cela devrait se traduire positivement sous 8 à 12 mois dans les autorisations de construire puis dans les ouvertures de chantier et donc dans l’activité et la trésorerie des entreprises et à terme sur l’emploi.
L’embellie pour l’accession se retrouve également du côté des investisseurs mais dans une moindre mesure compte tenu du zonage qui pénalise l’investissement en maisons alors qu’il y a une demande de maisons locatives non satisfaite.
Menace sur l'APL Accession
Cependant, cette embellie semble encore fragile notamment en raison de la menace qui pèse sur l'APL Accession. A partir du 1er janvier 2016, cette aide à l'accession sociale à la propriété évolue. Elle ne sera plus versée qu'aux propriétaires ayant subi une baisse de revenus de 30 % ou plus depuis la souscription de leur crédit immobilier.
Pourtant, « (…) en procurant un gain de taux d’endettement de 2 à 8 points, (elle) contribue de manière certaine à cette solvabilisation des ménages modestes », affirme Patrick Vandromme, président de l'Union des maisons françaises.
« Il est donc urgent, suite aux conclusions du rapport du groupe de travail de l’Assemblée Nationale présidé par François Pupponi qui préconise le maintien de l’APL accession, que le gouvernement prenne position rapidement et clairement dans le même sens afin de ne pas casser la dynamique en cours », ajoute-t-il.
Cette réforme, votée dans le budget 2015, mobilise les députés de la commission des Affaires économiques qui souhaitent que le gouvernement y renonce. Selon le rapport parlementaire présenté le 22 mai dernier par le député PS François Pupponi à Christian Eckert, secrétaire d'Etat au budget, cette mesure « nuirait grandement à la capacité des ménages aux revenus modestes et moyens d'accéder à la propriété, tout en aggravant à court terme, le déficit public ».
Car, en impactant 12 100 opérations, dont 8 400 constructions neuves, elle réduirait les recettes fiscales de « 150 à 200 millions d'euros », annulant ainsi les économies escomptées. Ces économies « ciblées » liées à la réforme de l'attribution des aides personnalisées au logement serait de l'ordre de 300 à 400 millions, selon le même rapport.
C.T