Les cimentiers dans la tourmente
Après des années fastes entre 2004 et 2006, où les volumes totaux de vente progressaient de 9 à 10 % par an, la situation a changé.
Au premier semestre 2008, les volumes de ciment vendus par Lafarge aux Etats-Unis ont baissé de 10 %. Dans la plupart des cas, la capacité des cimentiers à élever leurs prix n'a pas compensé ce repli, dans un contexte de renchérissement du coût de l'énergie. Ciments Français a enregistré au premier semestre une hausse de 26,2 % de sa facture de combustibles et de 4,7 % pour l'électricité, à volumes comparables. Ces éléments constituent le tiers des coûts de production du ciment.
Dans les pays émergents, qui représentent 80 % du marché mondial, la demande continuera à croître, mais à un rythme moins soutenu. « Le ralentissement économique mondial aura des conséquences sur notre industrie, qui est pleinement liée à l'activité économique », explique Yves-René Nanot, P-DG de Ciments Français.
L'environnement est donc délicat. Mais les cimentiers ont des atouts pour y faire face. Le besoin mondial de ciment est durable et le marché présente de fortes barrières à l'entrée. Le ciment doit être fabriqué localement et cette industrie consomme beaucoup de capital. Construire une ligne de production coûte jusqu'à 160 millions d'euros. La préservation de l'outil industriel et des gisements de calcaire nécessite un investissement de 5 à 10 % des recettes par an.
Les trois acteurs français cotés du secteur sont sains. Leur structure financière est bonne, et leur stratégie d'expansion dans les pays émergents et d'intégration verticale (dans les bétons et granulats) est porteuse. « Le ralentissement du marché est cyclique et lié en grande partie à la fermeture du marché du crédit. Les besoins à long terme restent élevés. Cela ne remet pas en cause la solidité du business model des cimentiers », estime Rafic El Haddad, analyste chez Natixis Securities. Toutefois, avec l'augmentation des coûts, les marges seront sous pression en 2009. En France, selon Euler-Hermes, la marge opérationnelle baissera de 14 points en deux ans.
Cependant, le secteur manque de catalyseurs à court terme. Si la baisse du prix du pétrole est un élément positif, l'évolution de la construction inquiète encore les investisseurs.