Lafarge devrait parvenir à racheter sa filiale américaine
Avec cette opération, Lafarge vise un contrôle total sur les bénéfices et sur la stratégie de sa filiale sur le marché très porteur des Etats-Unis et du Canada, où il est devenu l'un des principaux fournisseurs en matériaux de construction et où il emploie 15.000 personnes. "Nous sommes en mesure de conclure très rapidement notre opération et d'en tirer tous les bénéfices pour les actionnaires des deux entreprises", a déclaré le directeur général de Lafarge, Bruno Lafont. L'offre initiale était de 75 dollars par action, soit un total de 3 milliards de dollars. Rejetée par LNA, elle avait été relevée une première fois début avril à 82 dollars par action (3,3 milliards de dollars).
Le dernier coup de pouce a trouvé grâce aux yeux de LNA comme à ceux des analystes. "Le marché tablait sur une finalisation de l'offre entre 85 et 90 dollars", commente Credit Suisse, qui se félicite que le groupe n'ait pas surpayé ce rachat "à l'instar d'acquisitions passées comme Blue Circle et Redland".
"C'est plutôt une bonne nouvelle. Cela supprime les incertitudes sur le prix car l'offre relevée à 85,5 dollars par action devrait recevoir l'approbation des actionnaires", renchérit un analyste d'une maison de courtage parisienne ayant souhaité rester anonyme.
Tout en estimant que "ce n'est pas un niveau de valorisation comparable à ceux en vigueur aux Etats-Unis", il juge "normal que Lafarge ne paie pas une prime complète" pour le rachat de sa propre filiale. "Il est logique qu'ils aient le contrôle à 100% de leur filiale dans l'une des zones à la croissance la plus dynamique", estime-t-il, soulignant également la perspective de synergies que Lafarge évalue à au moins 20 millions d'euros.
Lundi à la Bourse de Paris, le titre Lafarge perdait 1,27% à 97,45 euros à 14H30 (12H30 GMT) dans un marché en légère baisse. Mais il a progressé de 12,5% depuis le lancement de l'offre. "Le titre recule plus sur des prises de bénéfices que sur une réelle sanction du marché", selon l'analyste. L'opération sera financée par endettement, ce qui évitera de diluer le poids des actionnaires de Lafarge, et augmentera mécaniquement son bénéfice par action dès 2006, de l'ordre de 5 ou 5,5%, selon différents analystes.
Pour ABN Amro, le nouveau DG "va maintenant pouvoir s'attaquer à d'autres problèmes stratégiques, en particulier de possibles désinvestissements". M. Lafont a en effet laissé entendre que son groupe pourrait se délester d'actifs non stratégiques aux performances insuffisantes. L'activité toiture, dont le bénéfice d'exploitation a accusé un recul de 34% en 2005, semble notamment dans la ligne de mire. ABN-Amro se montre par ailleurs optimiste pour le chiffre d'affaires du premier trimestre du groupe, qui sera publié le mardi 2 mai.