La bourse de Paris tempère sa foi dans le secteur de la construction

La Société Générale note aussi que "la recherche infructueuse d'une acquisition rentable en réemploi de la cession de Coeur Défense peut laisser penser que le secteur ne présente plus d'opportunités attrayantes". Jusqu'ici, les groupes dépendant de la croissance de l'immobilier n'ont pas trop souffert de la faiblesse de l'investissement des entreprises. Ils ont en effet profité de ventes de logements neufs exceptionnellement bonnes dans les grands pays industriels. En août, aux Etats-Unis, elles ont encore progressé de 9,4% sur juillet, mais leur prix moyen a baissé à 267.000 dollars contre 283.700 dollars le mois précédent. La forte hausse des prix de l'immobilier américain, qui ont battu record sur record depuis trois ans, a en particulier suscité des craintes de formation d'une bulle.
Certains analystes restent cependant optimistes. CDC Ixis a relevé vendredi de 16% son estimation de la "valeur d'équilibre" de Vinci à 117 euros par action (contre 94,85 euros actuellement), mais sans entraîner de réaction du titre, qui a déjà gagné 44% depuis le 1er janvier, soit la plus forte progression du CAC 40. L'action Vinci ne serait pourtant pas trop chère, selon CDC Ixis, pour qui elle "offre une décote de 8%" par rapport à l'espagnol Ferrovial, alors que la croissance de Vinci est plus forte.
Les autres actions du secteur ont déjà aussi opéré de beaux parcours boursiers depuis le 1er janvier, Eiffage gagnant 60,5% et Bouygues 11,6%, mais commencent à plafonner. Depuis quelques semaines, les deux grands fabricants de matériaux de construction français, Lafarge et Saint Gobain ne parviennent en particulier plus à bénéficier de la détente des taux d'intérêts à long terme, passés sous le seuil de 4%. Le courtier Merrill Lynch vient d'abaisser sa recommandation sur Lafarge et son concurrent CRH (Irlande) à "neutre" contre "acheter" en estimant que l'industrie du ciment connaîtra en 2005 "une croissance plus lente en volume". De plus, l'industrie du ciment bénéficie actuellement de bons tarifs en matière d'énergie "mais pour 2005, des hausses des coûts de carburants, d'électricité, ainsi qu'un renchérissement des équipements et des pièces détachées en raison de la montée des prix des métaux sont à prévoir, selon Merrill Lynch.
A la Société Générale, les analystes avertissent aussi que "la hausse des coûts de l'électricité pourrait atteindre des niveaux importants sous l'effet du programme de gestion des niveaux de CO2 en Europe." La banque, qui reste à sous-pondérer sur le secteur, estime cependant qu'aux Etats-Unis, "le marché du non-résidentiel pourrait prendre le relais du logement grâce à la reprise des investissements et celle de l'emploi".
Par Nicolas THIERY