Droits de douane : l'industrie du bâtiment craint une nouvelle crise économique

Comment l’Association française des industries des produits de construction (AIMCC) a-t-elle accueilli les annonces de l’administration Trump sur la hausse des droits de douane ?
Philippe Gruat : Heureusement, notre secteur n'est pas directement concerné, dans la mesure où nous fabriquons en France, ou en Europe, les produits que nous vendons. Beaucoup de nos produits sont fabriqués en France et vendus en France.
Nous avons un flux d'imports-exports de produits et d'équipements du bâtiment quasi nul avec les États-Unis. Nos exportations vers les États-Unis sont vraiment marginales car ce sont des produits pondéreux. Même si les groupes français et européens du bâtiment sont implantés de manière significative aux États-Unis.
Par contre, on peut craindre les conséquences à plus long terme des mesures telles qu'elles avaient été annoncées avant le revirement d’hier. À ce stade, elles sont juste suspendues et non pas annulées.
Quelles sont vos craintes et les réponses à apporter ?
Philippe Gruat : On peut craindre un impact sur l’économie en général, sur l’inflation, avec des effets négatifs sur nos activités à venir. Il peut y avoir un impact sur les matières premières comme le bois et l’acier. À terme, cela pourrait avoir des conséquences sur les produits transformés. Cela pourrait créer des perturbations sur les matières premières, comme on a eu lors des crises liées au Covid et à la guerre en Ukraine.
Il faut quand même saluer l'initiative du gouvernement français et de l'Europe d'être vraiment dans la consultation des secteurs d'activité. Nous avons participé en tant qu'AIMCC, mais aussi en tant que CSF « Industries pour la construction », aux réunions organisées par les ministres, et notamment le ministre de l’Industrie. La consultation d’avant-hier a été rapide et complète. Si nous ne sommes pas concernés dans un premier temps, on peut penser qu’il y aura des conséquences à moyen-long terme, et nous savons que la concertation sera efficace et au rendez-vous.
Apporter des solutions au niveau européen est à mon avis la meilleure posture qu’on puisse aujourd’hui adopter face aux positions imprévisibles des États-Unis.
Quelles sont les matières premières qui pourraient être les plus impactées ?
Philippe Gruat : Quasiment tous les secteurs, mais notamment ceux qui reposent sur des matières premières dont le cours est international. Au même titre que les crises précédentes, quasiment tous les secteurs sont touchés de la même façon. Bien sûr, il y a des variations entre les produits de la chimie, les métaux, le bois, etc. On a vu que ce type de crise internationale amène à une inflation.
Quelles ont été les évolutions depuis la dernière conjoncture de l’AIMCC en janvier dernier ? Y a-t-il un espoir de reprise avec les mesures issues du budget 2025, et notamment l’élargissement du prêt à taux zéro (PTZ) ?
Philippe Gruat : On s’est félicités de ces mesures, même si elles sont arrivées très tardivement. Mais nos prévisions restent les mêmes, avec une très légère augmentation de volume au deuxième semestre 2025. Le niveau sera encore très inférieur à celui d’il y a 2-3 ans. On sera très largement en-dessous des volumes de 2022.
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Philippe Gruat