Combat de l’année : 8 millions de cheminées VS 21 centrales nucléaires
Le chauffage au bois, en particulier dans les logements chauffés à l’électricité́, va donc jouer un rôle important dans la réduction des besoins électriques lors des pics de consommation, qui correspondent en général aux jours les plus froids de l’année entre novembre et mars. Dans ce contexte, les 8 millions de foyers qui disposent d’un appareil peuvent, grâce au chauffage au bois, soulager le réseau d’EDF et faire baisser leur facture de chauffage.
Dans l’édition 2016 du bilan prévisionnel, RTE rappelle : « A température de référence, la consommation liée au chauffage évolue peu d’un jour à l’autre, autour d’une valeur moyenne de 20 GW. À climat réel en revanche, la puissance appelée par le chauffage peut varier de 5 GW à 45 GW entre une journée froide et une journée douce en hiver ». Pour mémoire, le parc de production installé au 1er janvier 2016 s’élève à près de 130 GW. Or le parc d’appareils de chauffage au bois installés actuellement permet de réduire de 5 à 10 GW la demande de pointe en puissance électrique les jours de grand froid. Par ailleurs, le chauffage au bois concourt à la maîtrise des consommations d’énergie fossile (fioul domestique, GPL, gaz,) fortement émettrice de gaz à effet de serre. Il reste néanmoins à faire évoluer le parc d’appareils de chauffage au bois, car tous ne sont pas au standard actuel. Les performances des appareils modernes sont définies par le label Flamme Verte, initié par les industriels de la filière avec le concours de l’ADEME en 2000. Le rendement des appareils a progressé de 30% en 10 ans et les émissions de monoxyde de carbone (CO) et de particules fines ont baissé dans des proportions importantes. Rappelons que le label Flamme Verte promeut les cheminées à foyer fermé ou les inserts et pas les modèles à foyer ouvert, qui sont plus émetteurs de CO et de particules fines.
Enfin le SER, qui défend une filière représentant près de 20 000 emplois directs et indirects non délocalisables, demande aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour soutenir le développement de l’énergie bois. Soutien via le Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique (CITE) ou l’éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ) et via des aides locales mobilisées par les régions et départements. Favoriser l’installation de conduits de fumées adaptés, dans le neuf comme dans l’ancien Lancement d’opérations de renouvellement pour moderniser le parc installé, avec création d’une prime à la casse etc.
Il reste que même si la gestion de la forêt est un des points forts de la France, le volume de bois disponible n’est pas inépuisable, même s’il est renouvelable. Et des voix s’élèvent pour rappeler qu’accroître l’utilisation du bois énergie peut être incompatible avec une gestion forestière durable. Julie Marsaud, coordinatrice du réseau forêt de France Nature Environnement citée par le journal Le Monde, précise : « Le bois est certes une ressource renouvelable, mais elle n’est pas inépuisable, explique-t-elle. La partie des domaines forestiers aujourd’hui non exploitée est souvent d’accès difficile. Accroître l’utilisation du bois énergie peut donc être incompatible avec une gestion forestière durable. » Et d’ajouter : « Au niveau tant économique qu’écologique, on ne fait pas pousser une forêt pour le bois énergie, pas plus qu’on ne plante des pommes de terre pour valoriser les épluchures. » C’est un peu le même débat que pour les carburants automobiles à base végétale, ce qui incite donc à tempérer l’enthousiasme d’une évolution trop rapide. Mais le bois constitue bien une solution complémentaire et importante dans les sources d’énergies renouvelables pour le chauffage en France.
R.B
Photo de Une : ©SER