Catastrophe AZF : début d'un procès hors-norme
Quelque 1.600 parties civiles, une soixantaine d'avocats, des dizaines d'experts ont commencé ce procès, le plus important jamais organisé en France, qui se tient dans une salle municipale spécialement aménagée. En raison de l'importance et de la longueur du procès (quatre mois), cinq magistrats, au lieu de trois, composent le tribunal correctionnel et deux magistrats, au lieu d'un seul, représentent le ministère public.
Ils devront déterminer les responsabilités de Serge Biechlin, directeur d'AZote Fertilisant (AZF) à l'époque des faits, et de la SA Grande Paroisse (filiale du groupe Total), propriétaire de l'usine, en qualité de personne morale. Les deux prévenus répondront des chefs d'homicides involontaires, blessures involontaires, destructions et dégradations involontaires par l'effet d'une explosion ou d'un incendie, et infractions au code du travail.
A l'issue d'une instruction qui a duré jusqu'en 2006, les experts ont retenu l'hypothèse d'un mélange malencontreux de quelques kilos de DCCNa (dichloroisocyanurate de sodium) avec 500 kilos de nitrate d'ammonium, déversés sur un stock de 300 tonnes de nitrate d'ammonium, un quart d'heure avant l'explosion. Ils ont en revanche rejeté les hypothèses d'un attentat, évoqué avec force après les attentats islamistes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ou d'une explosion due au gaz ou à un arc électrique. Total conteste les conclusions de l'instruction, estimant que toutes les pistes, dont la piste terroriste, n'ont pas été suffisamment exploitées.
Environ 250 victimes ou anciens salariés de l'usine AZF ont manifesté lundi matin à Toulouse avant l'ouverture du procès, en début d'après-midi. Ils ont tout d'abord participé à une marche silencieuse entre les principaux quartiers touchés par la catastrophe et la salle municipale Jean Mermoz, où se tiendra le procès. « Nous avons organisé cette marche symbolique pour saluer le début du procès. Nous attendons que la justice dise ce qui s'est passé le 21 septembre 2001 dans l'usine AZF », a déclaré le président de l'Association de défense des sinistrés d'AZF, Guy Fourest, en tête du cortège. Les manifestants portaient des brassards violets marqués d'un "Victime d'AZF" en lettres jaunes.
Bruno Poulard (avec AFP)