Artisanat du bâtiment : la baisse d'activité plus dure que prévue en ce début 2014
La CAPEB avait prévu « un léger mieux en 2014, après une année 2013 éprouvante » mais l'optimisme aura été de courte durée. Alors qu'en janvier dernier, la Confédération prévoyait une baisse de l'activité du secteur, limitée à -1,5 %, la chute a finalement été plus rude au premier trimestre 2014. Le secteur entre dans son 8e trimestre consécutif de baisse, avec un repli de 2% en volume d'activité.
Dans le détail, l’activité entretien-amélioration chute avec -1,5% ce trimestre après une baisse modérée de -0,5 % et -1 % au cours des deux trimestres précédents de 2013. Selon la Capeb, cette baisse d’activité, plus forte que prévue, pourrait être liée au fait que les ménages ont réalisé leurs travaux d’entretien rénovation en fin d’année 2013 pour anticiper la hausse de la TVA de 7 à 10 % à partir du 1er janvier 2014. « L’augmentation du taux de TVA de 7 à 10% a peut-être porté atteinte au fragile équilibre qui était en train de se reconstruire », suppose Patrick Liébus, président de la Capeb.
Les travaux de performance énergétique sont également affectés par ce mouvement de recul et stagnent après leur embellie de fin d’année. Mais les perspectives de reprise ne sont pas complètement figées : « nous attendons beaucoup de la baisse du taux de TVA réduit de 7 à 5,5% » pour soutenir ce type de travaux en 2014, » précise Patrick Liébus.
Seule la construction neuve résiste mieux à la conjoncture avec une baisse de l'activité plus limitée ce trimestre à -2,5 % (contre -6 % et -3,5 % au 3e et 4e trimestres 2013).
Des signaux inquiétants pour l'avenir
Plusieurs indicateurs, à la baisse, laissent présager une situation difficile pour le reste de l'année. Dans le neuf, la dégringolade se poursuit. Seulement 329 173 unités ont été mises en chantier sur douze mois cumulés, entre janvier 2013 et février 2013, comparé à la même période un an plus tôt. Et la Capeb n'anticipe aucune amélioration dans les prochains mois car les permis de construire affichent un recul inquiétant (-17,9 % sur la même période).
Toutes les professions du secteur sont concernées par la baisse, avec un repli compris entre -1% et -2%. Les carnets de commandes se désertifient et ne représentent plus que 72 jours de travail (contre 87 au même trimestre de l'année précédente). L’entretien-rénovation est particulièrement touché avec 32% des entreprises artisanales qui indiquent une baisse de leurs carnets de commandes en entretien-amélioration contre seulement 12% qui déclarent une hausse.
Dans un même temps, la trésorerie des professionnels se dégrade pour 30 % d'entre eux. Toutefois, le montant moyen des besoins de trésorerie recule légèrement et atteint 19 000 €. En effet, le nombre d’entreprises déclarant un besoin supérieur à 10 000 € est passé de 63% au 1er trimestre 2013 à 56 % au 1er trimestre 2014.
Source d'optimisme : l'embauche
Seul espoir au tableau, les prévisions d'embauche se rétablissent au même niveau que 2012 avec +11,5% de projets d'embauche. Une belle revanche quand on sait que 26 000 emplois ont été supprimés sur la seule année 2013.
Mais les professionnels attendent surtout un mouvement fort de la part du gouvernement. « Nous aurons besoin de mesures concrètes pour soutenir durablement la demande de travaux. Nous espérons que les annonces du Premier ministre dans son discours de politique générale concernant la transition énergétique et la simplification des normes ne seront pas des promesses faites en vain », s'inquiète Patrick Liébus.
Même si un premier pas a été fait vers la profession avec l'annonce de 50 mesures de simplification des entreprises, applicables d'ici fin 2014, le président de la CAPEB les juge insuffisantes : « Elles sont pour l'instant des promesses de don. Par exemple, nous n’avons pas de délai précis pour la simplification des fiches de paie. Pour les marchés publics, le projet n’est pas encore assez affiné. Nous proposons depuis des années le coffre-fort électronique qui aurait réellement simplifié l’accès des artisans à ces marchés ».
En bref, le gouvernement peine à convaincre les professionnels pour l'instant. Un prochain « bloc » de 50 mesures de simplification sera présenté à l'automne.
C.T
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