Activité du Bâtiment, compte pénibilité, RSI... La FFB sur tous les fronts
Les chiffres sont encore moroses dans le secteur du Bâtiment. Pour 2015, l’activité globale s’inscrira encore en baisse de 1,5 % avec respectivement : 3,8 % pour le logement neuf, 9,4 % pour le non-résidentiel neuf et +1,7 % pour l’amélioration-entretien. Unetendance 2015 qui s’alourdit par rapport au -0,4% prévu en décembre 2014 par la FFB. Conséquence directe, la perte de 30 000 emplois (comme en 2014), une grande partie de ces destructions procédant de non-remplacement des départs à la retraite et des changements de secteur.
« L’année 2015, dans le prolongement des quatre années précédentes, se soldera par de nouvelles pressions déflationnistes et par une poursuite de l’érosion des trésoreries. Mais sous les effets conjugués des mesures de relance et d’un retour, certes trop faible mais réel de la croissance, le Bâtiment commence à entrevoir le bout du tunnel » détaille Jacques Chanut.
Le non-résidentiel neuf inquiète
Avec la nouvelle méthode mise en œuvre pour le comptage officiel des permis et des mises en chantier (voir notre article : Plus de 250 000 logements neufs « oubliés » des statistiques depuis 2010), les autorisations de logements connaîtraient en 2015 une hausse de 4,1 % pour s’établir à 391 000 unités. Le logement individuel, avec 183 000 permis accordés, progresserait de 6,3 %). Concernant le collectif, avec 208 000 autorisations et une hausse plus contenue de 2,2 %, il bénéficierait de la libération des permis de construire de logements locatifs sociaux bloqués en 2014 et des premiers effets des dispositifs en faveur du logement privé (« Pinel ») et intermédiaire. Concernant l'amélioration-entretien des bâtiments, les travaux ont augmenté de 2,5 % dans le secteur résidentiel, tout en stagnant dans le non-résidentiel.
Mais ce qui inquiète le plus la FFB, c'est le non-résidentiel neuf. En termes de production, compte tenu des délais de chantier, le recul devrait être plus fort en 2015 qu’en 2014, soit 9,4 %. « C'est un sujet que nous surveillons de très près » explique Jacques Chanut, car les 24,5 millions de m² de surfaces de plancher probablement autorisés en 2015 serait le plus bas niveau enregistré depuis 1998. Et contrairement au logement neuf, la méthode de calcul du service statistique du ministère du logement n'a pas été corrigée d'où « la nécessité d’étendre urgemment la méthode des DRE au non-résidentiel, puisque ce dernier segment ressort totalement déconnecté des autres indicateurs conjoncturels » affirme la FFB.
Compte pénibilité, la lutte continue
Loin d'être abattu, le président de la FFB espère plusieurs mesures pour améliorer la situation du bâtiment en France. Une énième relance de la primo-accession, car « rien ne se fera sans un nouvel allongement des différés de remboursement du PTZ+ pour les ménages modestes ». Et l’essor des travaux d’économie d’énergie, « parcequ'il faut encore et toujours rappeler que seule une politique mesurée et stable d’incitation, avec des outils clairs et durables, permettra un essor progressif ».
Le suivi du compte pénibilité reste une des principales préoccupations de la FFB. Dans le cadre de la mission confiée en décembre dernier à M. Sirugue, député, et M. Huot, chef d’entreprise, chargée d’ici juin de simplifier et de sécuriser le dispositif du compte pénibilité, la FFB s'interroge sur l’objectif réel du gouvernement, entre faire évoluer fondamentalement le compte Pénibilité ou tenter de temporiser face à la colère patronale. « Nous savons que c'est encore une taxe à payer, et nous le ferons, mais nous demandons la suppression de la fiche pénibilité, dispositif vécu comme une sanction administrative par nos entreprises » avance Jacques Chanut. Depuis l’origine, « nous demandons que puisse être rétabli un filtre médical, pour quelques facteurs précis, ce qui libérerait les entreprises de la fiche qui n’aurait alors plus de sens » détaille la FFB.
Jacques Chanut s'est également exprimé sur un sujet brûlant, le Régime Social des Indépendants (RSI). Et l'actuel président n'y va pas par quatre chemins. « Il faut revoir la gouvernance de ceux qui sont à la tête du RSI, des retraités à l'écart de la réalité du terrain ». Les récentes manifestations d'indépendants montrent que la colère gronde chez les artisans, et le président de la FFB estime qu'« il faut désormais du concret » pour éviter que le point de non-retour soit atteint.
Bruno Poulard