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Sans financement de l’État, la rénovation urbaine pourrait s’effondrer

Publié le 10 avril 2025

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Le renouvellement urbain est-il en péril ? En dépit d’un large consensus sur ses résultats, le deuxième programme Anru pourrait connaître un arrêt brutal dès 2026 si l’État ne renforce pas sa participation.
Sans financement de l’État, la rénovation urbaine pourrait s’effondrer - Batiweb

Auditionné mercredi 9 avril par la commission des Affaires économiques du Sénat, le président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), Patrice Vergriete, a averti qu’un manque de financement de la part de l’État pourrait entraîner l’arrêt pur et simple de certains projets en cours dans le cadre du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU).

Lancé en 2014, ce second programme Anru est doté d’un budget global de 12 milliards d’euros, il vise à transformer en profondeur plus de 450 quartiers prioritaires, où vivent environ trois millions de personnes. 

 

Un programme ambitieux menacé par un trou de trésorerie

 

Mais à mesure que les chantiers s’accélèrent, les besoins de trésorerie explosent. « Nous sommes au summum des réalisations des projets, donc des décaissements financiers », a expliqué Patrice Vergriete. « Or à la fin de l’année, l’Anru arrivera à une trésorerie nulle. Et même si l’État reste un contributeur minoritaire, c’est bien lui qui n’a pas encore versé sa quote-part », a-t-il déploré.

L’État, qui s’est engagé à hauteur de 1,2 milliard d’euros dans le NPNRU, n’a pour l’instant prévu que 50 millions d’euros dans la loi de finances pour 2025. « Est-ce que les 50 millions que vous avez votés sont suffisants ? À peine. Est-ce que l’an prochain ils seront suffisants ? Non », a-t-il lancé aux sénateurs, appelant le gouvernement à inscrire dans la prochaine loi de finances une enveloppe beaucoup plus ambitieuse.

Selon lui, entre 250 et 300 millions d’euros devraient être engagés dès 2026 pour éviter un gel brutal des projets.

La situation est d’autant plus préoccupante que les autres financeurs – Action Logement à hauteur de 8,4 milliards d’euros, et les bailleurs sociaux pour 2,4 milliards – ont déjà apporté leur contribution.

En l’absence d’une réponse rapide de l’État, certaines collectivités pourraient être contraintes de stopper des opérations pourtant déjà engagées, voire avancées, entraînant des conséquences sociales et économiques pour les habitants concernés.

 

Préparer dès maintenant un Anru 3

 

Malgré ces incertitudes budgétaires, Patrice Vergriete a défendu avec force l’utilité et l’efficacité de la rénovation urbaine. « Il peut y avoir débat sur le volet social de la politique de la ville, mais s’agissant de la transformation urbaine, il y a unanimité pour reconnaître le succès de l’Anru. Les rénovations ont profondément changé la vie des habitants », a-t-il affirmé.

Il a par ailleurs plaidé pour un troisième programme de renouvellement urbain à l’horizon 2030, anticipant la fin du NPNRU. « Il faut quatre à cinq ans pour préparer les projets. Si on veut éviter un trou d’air dans l’action publique à la fin de la décennie, il faut poser les bases d’un Anru 3 dès maintenant », a-t-il recommandé, évoquant la possibilité d’instaurer une taxe dédiée pour pérenniser les financements.

 

Par Marie Gérald 

Photo de Une : Patrice Vergriete - ©Ludovic MARIN

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