Le chanvre ne se fume pas dans la construction
Curieux chantier installé avenue de Bordeaux, sur le terrain d'un particulier à La Baule. En l'absence de bétonnière, le bruit est insignifiant et l'ambiance plutôt zen. A y regarder de plus près la technique de travail, les matériaux en parpaings fibreux et le mode d'assemblage interpellent le passant.
Ces inconvénients n'ont pas suffi à décourager l'entrepreneur Jean-Paul Robin, installé à Saint-Philibert, près de La Trinité-sur-Mer (Morbihan). « J'ai commencé par construire ma propre maison en chanvre. Les risques de brûlure avec la chaux et le temps de séchage des murs, entre six et neuf mois, rendaient l'entreprisepénible. »
Easy chanvre
Cette construction « laborieuse » fait cogiter l'entrepreneur et son fils. Ensemble, ils mettent au point une production automatisée d'un béton de chanvre au séchage rapide, prêt à l'emploi. C'est comme cela qu'est né leur procédé Easy chanvre. Les gros parpaings sont assemblés rapidement avec de la chaux et rigidifiés par une ossature en bois. Chaque étage est séparé par une charpente. « Ce matériau microporeux agit comme une membrane. Il laisse passer la vapeur d'eau et crée une atmosphère sèche et saine. Ses caractéristiques sont proches de celles du bois avec un coefficient d'isolation thermique supérieur de 20 %. »
Huit entreprises de construction en France utilisent actuellement ces matériaux, dont le coût est sensiblement identique aux constructions traditionnelles. « À l'avenir, nous voulons concentrer notre activité sur la production de matériaux et l'aide technique apportée aux utilisateurs qui utilisent notre procédé. »
A l'heure actuelle, leur plus belle réalisation se trouve porte de Bagnolet. Ils ont construit le bâtiment qui accueille la Confédération paysanne pour l'un de ses hôtes prestigieux, José Bové. Cinq maisons sont également en cours de construction.