BNF, une histoire déjà bien chaotique ...
Faire de la bibliothèque, le centre névralgique du quartier :
Selon Bruno Racine, qui a pris la présidence de la BNF en avril 2007 après avoir dirigé le Centre Pompidou, cette bibliothèque n'est toujours pas le centre névralgique de ce nouveau quartier parisien. L'ouverture, de part et d'autre du parvis, du multiplex MK2 et de la passerelle Simone-de-Beauvoir a transformé l'immense terrasse de bois en lieu de passage, mais le célèbre bâtiment n'est toujours pas la destination privilégiée par les promeneurs.
« L''entrée de la bibliothèque n'est pas simple à trouver, analyse M. Racine. Il faut la repenser et en faire un foyer d'attractions et de convivialité, avec boutiques, librairies, restaurants... Cela donnerait aux passants des raisons de ne pas rester au pied des escaliers. Nous devons casser cette image de mise à distance donnée par le bâtiment. » Cette nouvelle vision des choses rentre quelque peu en conflit avec le point de vue défendu par Dominique Perrault pour qui l'esthétique du vide a toute son importance dans la configuration actuelle des bâtiments.
Un lieu plus accueillant :
Pour résoudre cette équation difficile, Dominique Perrault a imaginé de bâtir, sur les deux « petits » côtés du quadrilatère (200 mètres de long chacun tout de même), entre 2 000 et 3 000 m2 de « pavillons » vitrés de 7 mètres de haut et 14 mètres de large, recouverts de panneaux photovoltaïques pour l'éclairage nocturne de la place. Celle-ci serait équipée d'un réseau de passages couverts en métal ajouré, reliant les différentes entrées et fonctions. Il faudra aussi continuer de renforcer la signalétique, purement et simplement absente au départ, encore largement insuffisante. Et les cheminements antidérapants, un ajout tardif, devraient être étendus sur des marches et un plancher de bois qui se transforment en véritable patinoire les jours de pluie.
La maîtrise des dépenses d'électricité dans un complexe d'un million de mètres cubes d'air climatisé, est un casse-tête chinois... L'idée audacieuse de ranger les livres dans des tours vitrées, l'architecte s'en souviendra. Quand il remporte le concours d'architecture pour ce qui s'appelait alors la Très Grande Bibliothèque, à l'âge de 36 ans, au mois d'août 1989, Dominique Perrault ne se doute pas qu'entre les controverses stylistiques, les polémiques techniques et les changements de programme, il ne va plus cesser de revoir sa copie.
Dès la fin 1989, décision est prise de transférer l'intégralité des imprimés du site historique de la rue Richelieu, soit 12 millions de volumes, au lieu des 4 millions initialement prévus, et de créer non plus une, mais deux bibliothèques, l'une pour les chercheurs et l'autre pour le grand public. Les milieux intellectuels s'en prendront ensuite à cet architecte qui veut placer les livres au soleil et les chercheurs dans les bas-fonds des bâtiments...
L'architecture moderne est faite pour évoluer avec les préoccupations du moment :
Perrault est contraint de mettre les deux tiers des livres à l'ombre dans le socle du bâtiment et d'abriter le reste derrière des volets en bois. Mais l'architecte n'est pas fermé à une nouvelle évolution des lieux. C'est pour lui davantage un signe des temps. La notion de développement durable est relativement nouvelle. Il faut désormais travailler dans ce sens.