Vent de fronde autour du Code des marchés publics

Une modification délibérément illicite
La Commission explicite, par ailleurs, son exigence de "degré de publicité adéquat" en affirmant que la publicité s'impose, y compris en dessous des seuils communautaires, et donc y compris en dessous de 90.000 euros HT. C'est pourquoi elle remet en cause (notamment) les articles 28 et 30 du nouveau code français. Elle estime également que les différences rédactionnelles entre ce code et les directives européennes "ne sauraient relever de la simple maladresse". Pour elle, la modification unilatérale des seuils applicables aux concours de maîtrise d'œuvre est "délibérément illicite". Et la France serait même, dans certains cas, le seul pays de l'Union européenne à ne pas avoir intégré le droit communautaire. S'il est un bon connaisseur de ces questions, c'est André Santini, député-maire d'Issy-les-Moulineaux, ancien ministre et professeur de droit. Il n'hésite pas à enfoncer le clou en écrivant dans une tribune libre publiée par Le Monde : "Parce qu'une bonne réglementation est une réglementation facilement accessible, l'Europe est aujourd'hui le pouvoir réglementaire de référence dans le domaine des contrats publics. Elle offre la législation à la fois globale, souple et durable dont les collectivités publiques ont besoin, alors que le code, en France, est révisé en moyenne tous les quatre ans. Elle offre aussi une législation de compromis entre une conception rigide et une conception "libérale" de l'achat (…). En ces temps de difficultés économiques, il est urgent de prendre des mesures pour faire cesser cette situation qui voit les acheteurs plus préoccupés par le respect des procédures que par la qualité et la rapidité de leurs achats." Si rien n'est parfait, comme le souligne à juste titre André Santini, l'Europe offre au moins l'avantage de fournir une règle claire qu'il suffira d'adapter. En un mot comme en cent, André Santini pose l’ultime question : faut-il supprimer le nouveau Code des marchés publics ?