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Le procès des HLM à l'assaut du financement supposé du RPR par Méry

Publié le 06 février 2006

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Tous les ex-dirigeants du BTP ont reconnu au procès des HLM de Paris avoir versé des commissions au "consultant"
Jean-Claude Méry, mais le tribunal va tenter cette semaine de voir où allait cet argent pour remonter jusqu'au financement supposé du RPR.
La 11e Chambre du tribunal correctionnel de Paris a prévu d'examiner mardi "l'engagement politique de Jean-Claude Méry et l'utilisation éventuelle des fonds dans ce cadre", une gageure quand pas un seul homme politique ne figure parmi les 49 prévenus et que le principal intéressé est mort depuis 1999. La petite vingtaine d'anciens chefs d'entreprises du bâtiment qui se sont succédé à la barre depuis l'ouverture du procès le 23 janvier ont admis avoir versé des commissions à Méry pour gagner des marchés auprès de l'office HLM de la ville de Paris (OPAC).

Au total, Méry a récolté plus de 38 millions de FF, qui auraient servi au financement occulte du RPR, une assomption étayée par ses "confessions posthumes" dans sa fameuse cassette vidéo, non recevable pour vice de forme. Mais l'instruction n'a pas pu "établir formellement" l'implication de responsables du RPR, ni même apporter la preuve qu'au moins une partie des sommes collectées par Méry -qui se servait au passage- finissait dans les coffres du mouvement gaulliste.

Les chefs d'entreprise, eux, ont assuré en choeur ignorer ce que Méry faisait de l'argent. Lors de ses 17 interrogatoires, Méry, qui fut membre du comité central du RPR, a reconnu avoir "incité" les entreprises à financer ce mouvement, mais il a nié toute action illégale. Les enquêteurs ont quand même retrouvé la trace de sa société panaméenne Farco, titulaire d'un compte en Suisse et gérée par Gestoval, fiduciaire helvétique.

Alimenté par virements, le compte était vidé "presque essentiellement" par des retraits en cash, racontera un responsable de Gestoval aux enquêteurs. Méry autorisait par téléphone des retraits, remis à des personnes s'identifiant sous des noms de code. Ensuite, selon l'accusation, l'argent retraversait la frontière grâce à des "passeurs" pour finir au RPR. Les témoignages abondent mais les preuves manquent.

Dans sa cassette, Méry lui-même parle de 5 MF qu'il aurait remis en cash, en présence de Jacques Chirac, alors Premier ministre, à son directeur de cabinet Michel Roussin. Son chauffeur a dit aux enquêteurs qu'il le conduisait parfois à la mairie de Paris, où il rentrait avec une valise et ressortait les mains vides. Ce que Méry a nié. Mort lui aussi, Gérard Monate, ancien président d'Urba, groupe d'études qui finançait le PS, avait raconté que Méry lui avait confié dans les années 80 travailler "à la valise", déposant du cash à la mairie de Paris où "il était en contact avec Jean Tiberi", longtemps adjoint de Jacques Chirac avant de lui succéder.

Louise-Yvonne Casetta, l'ex-trésorière occulte du RPR, a reconnu à l'instruction avoir fait appel à Méry pour obtenir, dans un cadre légal, des noms de sociétés à démarcher. Elle n'a pu en revanche que fournir des "explications embarrassées" sur un document retrouvé chez elle, parlant d'argent qui "passe la frontière".

L'instruction se base aussi sur un témoignage de Didier Schuller, ancien conseiller général RPR, condamné depuis dans l'affaire des HLM des Hauts-de-Seine. Celui-ci avait rapporté au juge que durant l'été 1994, alors que le scandale éclatait, Méry l'avait chargé de "faire passer un message" aux dirigeants du RPR pour les avertir qu'en cas d'incarcération, il n'hésiterait pas à "faire sauter" Michel Roussin. Le procès doit durer jusqu'au 5 avril.

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