La Palestine reconstruit déjà ses tunnels
"Ils ont largué deux ou trois bombes, mais, regardez, tout le monde s'est remis au travail", confie Abou Ali, un Palestinien de 30 ans. Malgré son offensive de 22 jours contre le Hamas à Gaza, durant laquelle son aviation a pilonné le "couloir de Philadelphie" courant le long de la frontière égypto-gazaouie, Israël craint que le Hamas ne réarme par ces souterrains. Depuis la trêve d'il y a douze jours, les Palestiniens ont entrepris de remettre en état ces cordons ombilicaux qui relient leur territoire asphyxié au monde extérieur. Les travaux se font au grand jour avec des engins de travaux public, sous les yeux des gardes-frontières égyptien.
"J'ai peur, mais je dois travailler. Que puis-je faire d'autre. C'est mon seul boulot", explique un jeune homme de 17 ans. Pour 1,5 million de Palestiniens pris au piège par la fermeture des points de passage, ces tunnels sont la principale voie d'approvisionnement en vivres, carburant et autres marchandises manquant cruellement du fait du blocus. Nombre de ces boyaux souterrains sont équipés de systèmes de protection perfectionnés qui leur ont permis de survivre à trois semaines de bombardements systématiques de l'aviation israélienne.
Travail de fourmi
Des dizaines de tentes en plastique blanc et de structures en parpaings constellent la frontière égyptienne, protégeant les Palestiniens qui creusent les tunnels et en évacuent les gravats. Depuis l'offensive, des excavatrices ont creusé des tunnels plus profonds, des ouvriers sont venus en consolider les parois avec du bois et des bulldozers ont éparpillé la terre et le sable extraits des conduits pour dissimuler ce travail de fourmi.
L'une des bombes larguées mardi par Israël a touché un tunnel permettant d'acheminer du diesel vers Gaza. Elle a pulvérisé le réservoir de fioul et creusé un cratère profond de deux mètres. "Cela ne nous fait pas peur", assure Abou al Madj, un des 'opérateurs' du tunnel. "Je vais reconstruire. Nous avons une arrivée électrique et nous allons commencer à réparer tout cela dès maintenant", crie-t-il pour couvrir le bourdonnement de son groupe électrogène.
Laurent Perrin (source Reuters)