Marseille : six mois de prison ferme requis contre deux marchands de sommeil
Le tribunal correctionnel de Marseille a requis, lundi, six mois de prison ferme contre deux propriétaires successifs d'un logement insalubre situé au sous-sol d'un immeuble de la cité phocéenne. Un local d'une douzaine de mètres carrés, humide, insalubre et doté de toilettes visibles par les autres habitants.
« Je vivais comme une bête sauvage »
Pendant six ans, un locataire de 52 ans a occupé ce logement, faute d'alternative. « Je vivais comme une bête sauvage », a-t-il témoigné devant la cour. L'homme, qui perçoit 500 euros de revenus mensuels, avait accepté en 2014 d'y vivre, après des années passées dans la rue.
Une unique fenêtre au ras du trottoir laissait entrer un peu de lumière, tandis que l'humidité et les odeurs pestilentielles rendaient les lieux insupportables. En 2023, le service communal d'hygiène et de santé avait pourtant qualifié l'endroit de « logement impropre à l'habitation ».
Une exploitation de la précarité
Le ministère public a énoncé le comportement des propriétaires successifs, qualifiés de « marchands de sommeil ». « Ces individus font de la vulnérabilité des autres leur fonds de commerce », a déclaré la procureure Marion Chabot.
L'ex-propriétaire du logement, un retraité ayant possédé jusqu'à une vingtaine de biens immobiliers, a assuré ne pas voir de problème dans sa gestion : « Je me considère comme un bailleur social, je choisissais toujours des personnes en difficulté ». Son gendre, qui avait racheté le bien pour 24 000 euros en 2020, a affirmé avoir voulu rénover les toilettes, situées dans les parties communes, mais s'être heurté au refus de la copropriété.
Le parquet a requis 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, contre l'ancien propriétaire, et 12 mois, dont six avec sursis, contre son gendre. La partie ferme pourrait être aménagée sous surveillance électronique. Une amende de 25 000 euros a également été demandée contre chacun des prévenus, ainsi que la confiscation du local.
« La soumission, c'est proposer à quelqu'un qui n'a pas le choix de rester dans les lieux », a déclaré l'avocat de la ville de Marseille, Me Jorge Mendes Constante. Le locataire a, de son côté, réclamé le remboursement de ses loyers et 10 000 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral. Le jugement sera rendu le 10 mars.
Marie Gérald (avec AFP)
Photo de une : Adobe Stock